Tout n’est pas si rose
Samedi 26 Mai 2007
Sentiment de découragement ce soir. J’entreposais quelque part dans mon presque conscient, sans les digérer, les divers désappointements du séjour. Pour la première fois, l’idée d’avancer mon retour m’a traversé la tête... Certainement les effets combinés du départ de Sarah qui approche à grands pas et les travaux de la porcherie qui eux semblent faire du sur place, et dont l’achèvement est reporté de semaine en semaine. Mais il est clair qu’il a été triggered, ce soir, par la pensée que Semese, un de nos plus vibrants supporters pourrait avoir vraiment quitté Tuvalu pour toujours.
La porcherie : Nième visite à Amatuku, 2e réunion avec une partie du personnel vivant sur place et vérif d’avancée des travaux de la porcherie. Bien sûr depuis deux semaines j’espère pouvoir faire un atelier pratique avec les habitants qui vont s’occuper et profiter de la porcherie et du gas produit… L’idéal aurait été de le faire avec Sikeli… J’en ai fait mon deuil mais je rêvais encore qu’on aurait pu le faire samedi prochain, ou aujourd’hui.. Un vrai apprentissage dans des lieux terminés avec au moins l’eau qui servira à laver le caca des cochons même si les bestioles ne s’y trouvaient pas encore… Aujourd’hui je suis bien obligée de me dire qu’il y a un risque que ceci ne puisse se faire avant le départ de Sarah. Je lui ai dit dans le bateau qu’il me faudrait sans doute suspendre l’installation des cochons car nous savons tous que le système ne fonctionnera pas s’il y a la moindre erreur de tuyauterie, de structure, de mode d’utilisation. Quelqu’un, Sarah, Sikeli ou Chris, doit vérifier l’ensemble avant que ce soit mis en service. Chris devrait venir mi juillet un peu après mon départ avec Sikeli pour la mise en gaz et le démarrage du 2e digesteur… Peut être que ce voyage là ne sera que pour vérifier et démarrer la défécation, le voyage du lisier dans le digesteur… Alors Sikeli pourrait venir avec sa confiture de goyave (quelques bactéries extraites d’un digesteur fidjien) pour accélérer le processus. Ils pourraient alors commencer la construction du 2e digesteur tout en attendant la production de gaz de l’autre… Bon ça peut le faire, la dessus, ce soir je peux dormir tranquille. Tout étant relatif et nous trouvant à Tuvalu, ca ne ferait pas trop de temps perdu.
Les autres trucs qui ont eu tendance à me faire perdre mon sourire et ont aidé à rendre agréable la pensée de partir plus tôt :
- Les déchets : je me rends compte que changer les habitudes des Tuvaluens risquent de prendre autant de temps, sinon plus, que dans les pays très consommateurs et habitués depuis longtemps à jeter tout ce qui y est acheté. Dans SiB j’écrivais que ça prendrait moins de temps. Ce peut être encore vrai, mais je ne peux m’empêcher de me sentir découragée quand je vois mes voisins agir. Longue réflexion, discussion avec Sarah depuis quelques jours. Depuis que je n’ai pu m’empêcher d’interpeller ma voisine que j’observais du haut du balcon, balayer devant sa porte les boites de conserves et autres déchets qu’ils jettent devant leur marche et les pousser sur le tas qu’ils accumulent sur les pierres qui mènent au lagon 3 m plus bas/loin a marée basse, à peine 1 m à marée haute…. Un tas, bien sûr, fait aussi de déchets organiques… Je n’ai pas pu retenir le « non, ne faites pas ça…. », j’ai bien senti que c’était un peu dur de la part d’une palagi d’imposer de cette manière « It’s not good for your children, for the lagoon »… J’ai fait un peu plus long mais clairement la femme n’entendait pas l’anglais. Elle a dû tout de même comprendre quelque chose car je l’ai vue, du tas, sortir quelques trucs et les mettre dans un sac…. Pas loin, à deux maisons, toujours le long du lagon, sur le chemin qui nous mène de la maison à la petite jetée où nous prend notre bateau pour Amatuku… même chose entre deux petits arbres. Le problème structurel spécifique ici, comme dirait notre correspondant du Sprep, c’est que le waste management unit n’a jamais eu assez de bennes pour tout le monde et, nous a dit Suzan, certaines familles qui en ont eu, utilisent le container pour recueillir l’eau de pluie. Comment apprendre à la population à ne pas jeter leurs déchets ailleurs que dans la poubelle quand ils n’en ont pas. Ne parlons pas du ramassage… Mais la difficulté réside vraiment dans la culture et les traditions…. Les femmes qui balaient vigoureusement apprennent à leurs enfants à le faire.. depuis sans doute une menace de malaria dans les années 50 ou avant…
- Autre sujet de petite appréhension parmi tout ce qui nous reste à faire : l’AG… Rien n’a encore été mis en œuvre. Susi a été retenue hier soir alors que nous devions en parler… Demain soir peut être…. Alors que c’est le 5 Juin… C’est du boulot.. En plus y’a un enjeu… A paris une AG est simple. Ici, c’est la première, nous n’avons aucune idée de qui aura envie/pourra venir. En d’autres situations, un petit nombre est plus agréable, ici aussi ce le serait sauf qu’il nous faut redresser une idée qu’a fait courir Annie, à savoir que parmi nos membres, certains (enfin une personne) aurait dit qu’il/elle ne savait pas qu’elle était membre… « ca pose une question de crédibilité » a dit Annie. Bien sur quand nous avons déposé nos statuts à Tango pour être enregistrés chez eux, seul moyen à ce jour d’avoir une existence presque officielle, notre liste ds 200 membres était tapée. J’aurais dû y joindre aussi les manuscrits signés. J’ai voulu faire propre. J’ai fait faux. L’idée de cette assemblée est donc de réunir les membres signataires et ceux qui veulent le devenir (puisque nos listes n’ont pas circulé depuis le printemps 2006 et que la plupart des participants aux workshops le souhaiteraient). La difficulté comme l’an dernier quand je l’avais aussi envisage : où ? Ca dépend du nombre et nous ne pourrons le connaître qu’après avoir expédié mails à tous ceux qui en ont un, coller des petits posters aux endroits habituels, recueillir des listes de participants inscrits et choisir le lieu. Le restaurant de l’hotel, ou plutot la terrasse sur le lagon, serait bien le plus pratique Bon je vois avec Risasi lundi.
La liste des choses qui me chagrinent n’est pas terminée mais le fait d’en avoir posé quelques unes me rassérène et m’a permis d’y voir plus clair. Et puis, là tout de suite j’ai plus envie de penser négatif. D’autant que si je reprends la liste, je peux aussi dire que la réunion du jour avec le personnel de TMTI s’est très bien passée. (J’ai demandé à Utala, l’ingénieur de TMTI qui a été formé avec Sikeli, d’expliquer aux résidents ce qu’était le digesteur et à Luni un prof qui avait été particulièrement attentif, notant tout, posant les bonnes questions, de parler de la porcherie et des conditions d’utilisation. Sarah a elle parlé des règles d’utilisation qu’il leur faudra mettre en place entre eux et nouveau rendez vous pris pour la semaine suivante.)
Dans le domaine des déchets, euh, c’est quoi le positif ? Ah oui, le fait quand même que la direction des déchets est compétente et consciente. Je suis allée déposer aujourd’hui des anti douleurs à Suzan et rendez vous est pris lundi pour voir où ils en sont et avoir son point de vue sur l’intervention du Sprep. Et puis le fait que les Tuvaluens réutilisent beaucoup les bouteilles plastiques, principalement les petites (qu’eux mêemes utilisent rarement, plutôt une consommation de palagis). Ainsi, demain, plutôt que de les écraser pour les mettre dans mes valises de retour, j’en remets un sac à Temu, la directrice de l’école. Toujours dans ce même domaine spécifique, chez Su qui tient aujourd’hui un (mini) supermarché, ils vendent des bouteilles plastiques vides, de 10 centimes à 50 centimes la grande !
L’Ag, ça va demander pas mal de visites ici ou là pour prévenir de visu les piliers et beaucoup de mails à expédier, une organisation béton vue les délais mais ça devrait le faire.
Positif par ricochet : je vis ici dans la totale ignorance de ce qui se passe en France. Si j’ai eu bien sûr les résultats des élections, aucun autre écho ne me pollue. Je préfère ne pas savoir et, par la force des choses aussi, je vis dans le passé. Pour preuve : ma lecture du soir depuis que j’ai terminé mes romans : des magazines datant d’un mois et demi et pour certains même d’un an… que je n’avais pas eu le temps de parcourir encore… Harmless… Pas de danger d’être bombardée d’annonces auto-suffisantes, ni de sentir la frustration monter, comme chez beaucoup d’entre vous, à l’écoute des apologies sarkoziennes.
fetaui
Sentiment de découragement ce soir. J’entreposais quelque part dans mon presque conscient, sans les digérer, les divers désappointements du séjour. Pour la première fois, l’idée d’avancer mon retour m’a traversé la tête... Certainement les effets combinés du départ de Sarah qui approche à grands pas et les travaux de la porcherie qui eux semblent faire du sur place, et dont l’achèvement est reporté de semaine en semaine. Mais il est clair qu’il a été triggered, ce soir, par la pensée que Semese, un de nos plus vibrants supporters pourrait avoir vraiment quitté Tuvalu pour toujours.
La porcherie : Nième visite à Amatuku, 2e réunion avec une partie du personnel vivant sur place et vérif d’avancée des travaux de la porcherie. Bien sûr depuis deux semaines j’espère pouvoir faire un atelier pratique avec les habitants qui vont s’occuper et profiter de la porcherie et du gas produit… L’idéal aurait été de le faire avec Sikeli… J’en ai fait mon deuil mais je rêvais encore qu’on aurait pu le faire samedi prochain, ou aujourd’hui.. Un vrai apprentissage dans des lieux terminés avec au moins l’eau qui servira à laver le caca des cochons même si les bestioles ne s’y trouvaient pas encore… Aujourd’hui je suis bien obligée de me dire qu’il y a un risque que ceci ne puisse se faire avant le départ de Sarah. Je lui ai dit dans le bateau qu’il me faudrait sans doute suspendre l’installation des cochons car nous savons tous que le système ne fonctionnera pas s’il y a la moindre erreur de tuyauterie, de structure, de mode d’utilisation. Quelqu’un, Sarah, Sikeli ou Chris, doit vérifier l’ensemble avant que ce soit mis en service. Chris devrait venir mi juillet un peu après mon départ avec Sikeli pour la mise en gaz et le démarrage du 2e digesteur… Peut être que ce voyage là ne sera que pour vérifier et démarrer la défécation, le voyage du lisier dans le digesteur… Alors Sikeli pourrait venir avec sa confiture de goyave (quelques bactéries extraites d’un digesteur fidjien) pour accélérer le processus. Ils pourraient alors commencer la construction du 2e digesteur tout en attendant la production de gaz de l’autre… Bon ça peut le faire, la dessus, ce soir je peux dormir tranquille. Tout étant relatif et nous trouvant à Tuvalu, ca ne ferait pas trop de temps perdu.
Les autres trucs qui ont eu tendance à me faire perdre mon sourire et ont aidé à rendre agréable la pensée de partir plus tôt :
- Les déchets : je me rends compte que changer les habitudes des Tuvaluens risquent de prendre autant de temps, sinon plus, que dans les pays très consommateurs et habitués depuis longtemps à jeter tout ce qui y est acheté. Dans SiB j’écrivais que ça prendrait moins de temps. Ce peut être encore vrai, mais je ne peux m’empêcher de me sentir découragée quand je vois mes voisins agir. Longue réflexion, discussion avec Sarah depuis quelques jours. Depuis que je n’ai pu m’empêcher d’interpeller ma voisine que j’observais du haut du balcon, balayer devant sa porte les boites de conserves et autres déchets qu’ils jettent devant leur marche et les pousser sur le tas qu’ils accumulent sur les pierres qui mènent au lagon 3 m plus bas/loin a marée basse, à peine 1 m à marée haute…. Un tas, bien sûr, fait aussi de déchets organiques… Je n’ai pas pu retenir le « non, ne faites pas ça…. », j’ai bien senti que c’était un peu dur de la part d’une palagi d’imposer de cette manière « It’s not good for your children, for the lagoon »… J’ai fait un peu plus long mais clairement la femme n’entendait pas l’anglais. Elle a dû tout de même comprendre quelque chose car je l’ai vue, du tas, sortir quelques trucs et les mettre dans un sac…. Pas loin, à deux maisons, toujours le long du lagon, sur le chemin qui nous mène de la maison à la petite jetée où nous prend notre bateau pour Amatuku… même chose entre deux petits arbres. Le problème structurel spécifique ici, comme dirait notre correspondant du Sprep, c’est que le waste management unit n’a jamais eu assez de bennes pour tout le monde et, nous a dit Suzan, certaines familles qui en ont eu, utilisent le container pour recueillir l’eau de pluie. Comment apprendre à la population à ne pas jeter leurs déchets ailleurs que dans la poubelle quand ils n’en ont pas. Ne parlons pas du ramassage… Mais la difficulté réside vraiment dans la culture et les traditions…. Les femmes qui balaient vigoureusement apprennent à leurs enfants à le faire.. depuis sans doute une menace de malaria dans les années 50 ou avant…
- Autre sujet de petite appréhension parmi tout ce qui nous reste à faire : l’AG… Rien n’a encore été mis en œuvre. Susi a été retenue hier soir alors que nous devions en parler… Demain soir peut être…. Alors que c’est le 5 Juin… C’est du boulot.. En plus y’a un enjeu… A paris une AG est simple. Ici, c’est la première, nous n’avons aucune idée de qui aura envie/pourra venir. En d’autres situations, un petit nombre est plus agréable, ici aussi ce le serait sauf qu’il nous faut redresser une idée qu’a fait courir Annie, à savoir que parmi nos membres, certains (enfin une personne) aurait dit qu’il/elle ne savait pas qu’elle était membre… « ca pose une question de crédibilité » a dit Annie. Bien sur quand nous avons déposé nos statuts à Tango pour être enregistrés chez eux, seul moyen à ce jour d’avoir une existence presque officielle, notre liste ds 200 membres était tapée. J’aurais dû y joindre aussi les manuscrits signés. J’ai voulu faire propre. J’ai fait faux. L’idée de cette assemblée est donc de réunir les membres signataires et ceux qui veulent le devenir (puisque nos listes n’ont pas circulé depuis le printemps 2006 et que la plupart des participants aux workshops le souhaiteraient). La difficulté comme l’an dernier quand je l’avais aussi envisage : où ? Ca dépend du nombre et nous ne pourrons le connaître qu’après avoir expédié mails à tous ceux qui en ont un, coller des petits posters aux endroits habituels, recueillir des listes de participants inscrits et choisir le lieu. Le restaurant de l’hotel, ou plutot la terrasse sur le lagon, serait bien le plus pratique Bon je vois avec Risasi lundi.
La liste des choses qui me chagrinent n’est pas terminée mais le fait d’en avoir posé quelques unes me rassérène et m’a permis d’y voir plus clair. Et puis, là tout de suite j’ai plus envie de penser négatif. D’autant que si je reprends la liste, je peux aussi dire que la réunion du jour avec le personnel de TMTI s’est très bien passée. (J’ai demandé à Utala, l’ingénieur de TMTI qui a été formé avec Sikeli, d’expliquer aux résidents ce qu’était le digesteur et à Luni un prof qui avait été particulièrement attentif, notant tout, posant les bonnes questions, de parler de la porcherie et des conditions d’utilisation. Sarah a elle parlé des règles d’utilisation qu’il leur faudra mettre en place entre eux et nouveau rendez vous pris pour la semaine suivante.)
Dans le domaine des déchets, euh, c’est quoi le positif ? Ah oui, le fait quand même que la direction des déchets est compétente et consciente. Je suis allée déposer aujourd’hui des anti douleurs à Suzan et rendez vous est pris lundi pour voir où ils en sont et avoir son point de vue sur l’intervention du Sprep. Et puis le fait que les Tuvaluens réutilisent beaucoup les bouteilles plastiques, principalement les petites (qu’eux mêemes utilisent rarement, plutôt une consommation de palagis). Ainsi, demain, plutôt que de les écraser pour les mettre dans mes valises de retour, j’en remets un sac à Temu, la directrice de l’école. Toujours dans ce même domaine spécifique, chez Su qui tient aujourd’hui un (mini) supermarché, ils vendent des bouteilles plastiques vides, de 10 centimes à 50 centimes la grande !
L’Ag, ça va demander pas mal de visites ici ou là pour prévenir de visu les piliers et beaucoup de mails à expédier, une organisation béton vue les délais mais ça devrait le faire.
Positif par ricochet : je vis ici dans la totale ignorance de ce qui se passe en France. Si j’ai eu bien sûr les résultats des élections, aucun autre écho ne me pollue. Je préfère ne pas savoir et, par la force des choses aussi, je vis dans le passé. Pour preuve : ma lecture du soir depuis que j’ai terminé mes romans : des magazines datant d’un mois et demi et pour certains même d’un an… que je n’avais pas eu le temps de parcourir encore… Harmless… Pas de danger d’être bombardée d’annonces auto-suffisantes, ni de sentir la frustration monter, comme chez beaucoup d’entre vous, à l’écoute des apologies sarkoziennes.
fetaui
04 / 06 / 07 - 12 : 05
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30 / 11 / 07 - 02 : 21