Blog ou débloque ?
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Retour de la dernière soirée commémorant le décès de l'ancien gouverneur général. Cette fois Sarah m'a accompagnée pour goûter aux délicieuses saveurs des plats et chants tuvaluens. 3 heures en boite ce soir... une demie douzaine de bandes à copier ici puis à Paris, montage des familles? comme on dit : des images inédites, familiales et traditionnelles montées en longueur pour mes amis tuvaluens.
Bon vous allez peut être vous dire que nous tournons beaucoup pendant cette étude et penser comme Pierre en a fait la réflexion à Fanny : “en fait t’as fait un stage vidéoâ€?.... De l’extérieur on peut voir les choses comme ça, mais d’une part c’est largement réduire nos activités sur place, nombreuses même si toujours faites avec le sourire et dans la bonne humeur, d’autre part dans les faits le filmage rapporte non pas à notre plumage, mais bénéficie grandement à notre projet. Et puis les films de famille qui contribuent largement à notre intégration sur place c’est plutôt fastoche.
Grandes ambitions, petits moyens, mais on se débrouille et ça fonctionne ! Aujourd’hui si quelques grands médias ont encore les moyens de déplacer des montagnes de monde à l’autre bout de la planète, nous, pour essayer de remplir les trous d’un gruyère et construire juste une petite colline à Tuvalu, pour permettre à l’île du bout du monde de durer plus longtemps, on n’a pas les moyens de déplacer 1 personne de plus... Même pour le “vrai� film y a 2 ans, nous n’avons pu nous payer ce qu’on appelle une équipe technique et qui est beaucoup plus que ça et nous avions dû limiter nos ambitions financières à nos propres moyens. Chris et moi nous étions donc transformés en homme orchestre et femme à tout faire... (Mais je ne remercierai jamais assez Marie Pierre Cabello de nous avoir permis de partir cette première fois, qui fait qu’aujourd’hui je me mêle ainsi à la vie tuvaluenne. Merci aussi à Pierre Lescure et Ana Glogowski victimes de la guerre assassine des Messiers & Co, qui étaient plutôt prêts à participer au film… avant)...
Inutile de dire qu’on avait encore moins les moyens pour un ingénieur l’hiver dernier (enfin... l’été à Tuvalu) quand on est parties pour Small is Beautiful, même pas un vrai film. (A la rubrique remerciements, pour ce voyage là : Christian Gerin et Kouka et Philipe Alfonsi). Comme je déteste la technique, j’avais préféré comprendre que Laure pouvait s’occuper du son. Nous avons été toutes les deux nulles sur ce coup. Ca m’a coûté des semaines de boulot pour monter la soirée où notre ambassa-bird, Eugène Berg, dansait un Fatele local... le son saturé à donf m’écorchait les oreilles et est inexploitable même pour un film de famille... . J’aurais dû laisser tomber le Fatele mais, entêtée, j’ai finalement pu remettre une copie à notre ambassadeur et ceux de Funafuti qui “sont dans le film� en me promettant de remplacer, dès que j’en aurai l’occasion, les Fatele par les sons enregistrés par Iacopo, le caméraman local, ce soir-là .
Cet été 2005 -enfin l’hiver à Tuvalu, mais été ou hiver it does not make any difference car à Tuvalu il fait toujours une trentaine de degrés, il pleut souvent mais pas sans arrêt et les journées sont belles- Fanny a bien assuré pour son son, (celui de sa dv a elle) je crois (Funny : j’espère, en tout cas je me suis appliquée et y a des choses utilisables, quand les têtes ne sont pas coupées). Quant à moi, j’utilise maintenant de préférence la “grosse� en faisant confiance aux réglages genre automatiques de Chris. L’an dernier je n’ai appréhendé l’ampleur du désastre son qu’une fois à Paris, cette fois encore je ne vérifie pas trop, j’oublie de regarder les niveaux avant ou pendant... et pas le temps de dérusher les bandes, c’est dire... et, quand j’y pense, c’est plus le moment où j’en ai simplement pas envie. On peut donc dire “peut mieux faire� mais 1-comme on tourne beaucoup, y’aura de toute façon de quoi faire nos films institutionnels ou de famille et 2- c’est moins dramatique que l’an dernier comme je viens de le vérifier sur les chants de cette dernière soirée funéraire. C’est même plutôt bon et le montage sera certainement moins laborieux que celui d’Ambassabird.
Tout ça pour dire que si mon 3e oeil enregistre beaucoup de choses qui n’ont rien à voir avec l’étude, avoir le privilège d’entrer dans l’intimité des familles (toujours très élargies et nombreuses) ouvrent inexorablement des portes au projet. Et si nous ne sommes pas encore invités officiellement à toutes les cérémonies gouvernementales, nous y sommes d’une manière ou d’une autre. Jeudi matin c’est par hasard que j’ai découvert dans l’objectif Steve de la Marine et la douzaine de flics Tuvaluens en costume d’apparat puis défiler tous les membres du gouvernement et des femmes en noir... Me voyant filmer la famille m’a demandé d’enregistrer les réunions et autres cérémonies sur 3 jours.
Ceci pour dire aussi que la communication, les relations publiques ou personnelles sont, pour moi, des éléments déterminants de la réussite d’un projet. Pierre, si tu lis ces lignes, sache que même si l’idée de la communication te donne des boutons plus gros que ceux des moustiques (ou de l’animal que tu préfères que je ne nomme pas) pour moi, les quelques discussions un peu chaudes que nous avons pu avoir autour de ce concept (et sauf à insister sur l’énergie solaire, je ne me souviens pas d’autres sujets de discorde dans la colo) ne m’ont pas convaincue du contraire. Ca n’a pas empêché Fanny de travailler sur l’étude et ses articles pour Science Frontières le jour, d’enregistrer les entretiens, plus fiable que de prendre des notes. La nuit elle digitalisait, me transférait les fichiers ou copiait sur dvd des images des années précédentes : Trouble in Paradise, Ambassabird, Soutiens à Small is Beatutiful en attendant de pouvoir graver ce qui effectivement nous a demandé plusieurs nuits de boulot : le montage des 10 chansons du Fagogo Malipolipo, le groupe local, promis à Tetele, un des musiciens qui rentre dans son ile natale... Certes, on s’est écroulées souvent aux aurores.... mais toujours debout à l’heure, prêtes pour une nouvelle journée.
Depuis le départ de Pierre et Fanny et la terminaison du montage musical, j’en ai tiré la leçon de ne plus faire de promesses de montage inconsidérées, reportant à Paris tout autre type de travaux video que le tournage. Je passe mes journées en rendez vous, à préparer les “community meetings� qui commencent ce jeudi pour se terminer après le départ de Sarah et mes nuits à laborieusement reprendre les traductions de la 2e pré pré étude en cours rédigée par Pierre avant de partir; tout en jetant un oeil sur le premier jet de Sarah-biomasse, et en essayant de comprendre les documents financiers de l’Ademe internationale ou le fonds Rolex.
Pour finir sur la communication (enfin... peut être), merci à Professeur Anatra du Canard pour son article très sympathique sur Tuvalu et Alofa Tuvalu et pour avoir envie de reprendre les quelques erreurs qui s’étaient glissées (alofa=aimer et pas bonjour mais on s’en tape un peu et quelques autres trucs) dans un prochain papier plus grand plus tard. Ce qui m’a le plus gênée c’est qu’il mentionne l’Ademe pour l’étude (prématuré) et pas le Fonds Pacifique alors que pour le moment, c’est notre seul vrai support financier et que Bruno Gain, le Secrétaire Général pour le Pacifique, a été particulièrement sympathique.
Ah... j’ai oublié de rassurer ceux que j’avais inquiétés : après avoir considéré faire mes valises et paniqué un peu à l’idée de devoir partir une semaine pour une histoire d’abcès buccal (sur les 2 semaines qui nous restaient, je voyais mal comment faire tenir tout en une)...L’autre option étant l’hosto de Tuvalu, au lieu de prier, j’ai examiné la situation et, à la guerre comme à la guerre, j’ai incisé moi-même. Ca ne pouvait pas être vraiment pire. Même pas mal, Même plus mal, mais toujours antibio.
Le début de cette semaine est donc de meilleur augure que la fin de la précédente.... Quant à la préparation des community meetings qui me paniquait un peu elle a, elle aussi, été aidée par les relations, les amitiés liées. Lundi matin : très bonne réunion avec la directrice de l’école. J’arrivais bien sûr avec le dvd Ambassabird qui avait fait une visite de l’école l’an dernier, une dizaine de T shirts et sur la clé USB la BD couleur qui l’a beaucoup impressionnée. Non seulement elle est pour l’opération, (elle en avait les larmes aux yeux) mais elle veut aussi avec nos graines re-démarrer un jardin dans l’école et va organiser une réunion de parents d’élèves pour que nous parlions de biomassse. Et bien sûr, les mômes n’ayant pas de email c’est par son intermédiaire que se fera la correspondance avec les petits Français.
Next stop : l’église où tous les pasteurs étaient réunis pour un thé. 2 dvd cette fois à Kitiona, le chef : le montage des soutiens à Smalll is Beautiful recueillis l’an dernier et toujours “ambassabird�... Du coup, dès les présentations de Sarah faites, c’est lui qui a lancé la discussion et proposé de faire une réunion parmi la communauté religieuse... On verra s’il donne suite mais ça le ferait grave de parler biomasse après les sermons et les prêches !
Just’à coté, passées voir Vaieli, la femme d’un des pasteurs, une femme super que j’aime beaucoup et qui a un petit jardin ou pousse le seul basilique des îles. Elle était donc déjà sur la liste pour les graines. Blablabla. On lui parle de réunion communautaire et il se trouve qu’elle est responsable de la réunion des femmes de Funafuti où nous ferons (ou plutôt Sarah fera) mardi prochain un discours sur la biomasse, les digesteurs etc. etc.
Puis Hilia (de la météo) l’après-midi que je n’avais pas revue depuis avant le 15 août et qui commençait à se demander si je n’étais pas repartie sans lui dire au revoir... Avec elle on est bookées pour la réunion des femmes de Nanumea samedi et elle a proposé de s’occuper des 4 autres îles... Depuis on lui a annoncé un voyage au Japon. Elle est donc partie mais pas sans m’avoir trimballée, la veille de son départ, de maison en maison, chez les femmes responsables des îles. Et je croise les doigts pour retrouver Hilia fin Septembre à Paris pour la conférence de Météo France.
Pas encore eu le temps de voir Penni pour Nukufetau ni Tia pour Vaitupu car Sarah prétextant qu’il fallait qu’elle se mette à écrire, m’a expédiée à un atelier sur les POPS (les polluants persistants)... qui a duré la matinée du mardi. J’avais d’abord refusé leur déjeuner puis me suis laissée embarquer par Monise, le patron manchot de la coopérative des Fusi, premier importateur, qui va importer les ampoules basses consommation à visse dont on m’avait dit, après mes prêches sur les économies d’énergie l’an dernier que ça manquait sur l’île. Il a aussi commandé des sachets papiers et des filets. Du coup je lui ai parlé des sacs papiers à poignée... réutilisables...
Opération zéro sac plastique qu’ils avaient dit ? une organisation germano-australienne a, en juillet, en effet prestement évacués tous les sacs plastiques de l’île, sans tambour ni trompette... donc sans communication locale mais pour communication internationale. Les gens se plaignaient de n’avoir plus de sacs plastiques (à Tuvalu, ils les recyclent jusqu’à plus soif pour conserver les chips d’arbre à pain, tenir le poisson à l’abri des mouches…). L’organisation avait distribué des cabas cotons… en quantité insuffisante et tellement grands que les gamins ne pouvaient les porter sans les traîner parterre. En plus, Monise m’a confié que la représentante de cette ONG aux méthodes expéditives n’avait jamais tenu sa promesse de racheter à la coopérative les 10 000 sacs plastiques qu’il venait tout juste de commander… Bref les plastiques réapparaissent, d’autant que la rafle semble avoir épargner les autres magasins, allez savoir pourquoi ?
D’ailleurs, dans la cour de l’école, nous avons réalisé avec stupeur que tous les mômes, pour leur lunch, achetaient maintenant des sandwichs enroulés dans du film plastique (non biodégradable après vérification toujours auprès de Monise)... Ici, un sac plastique se réutilise à l’infini mais un film... on l’utilise un coup et hop on le jette ! Et rien n’est toujours fait pour les bouteilles plastiques que les palagis (en dehors de nous) déposent sans état d’âme dans leur corbeille de chambre d’hôtel tout en faisant des réflexions (justifiées sur les déchets dans l’île. (Funny confirme que le premier wagon de bouteilles rapportées de Tuvalu a rejoint un centre de recyclage parisien, ce n’était curieusement pas le bagage dont Los Angeles avait décidé de différer l’envoi !)
Parmi les nouveaux arrivants de cette semaine : le Haut commissaire australien, flanquée (car c’est une femme) de deux militaires et marins ainsi que d’une jeune femme, Stephany, d’Aus Aid qui a décidé de reprendre quelques activités sur l’archipel. Atterrée par les ordures, Stephany, dès le premier soir au dîner australien où nous n’étions pas conviées, commençait à échafauder des plans sur la comète devant John, un de nos expats favoris... qui l’a interrompue en lui expliquant qu’il serait intelligent de ne pas réinventer la roue mais de savoir ce qui existait en lui indiquant que je pourrais sans doute l’aider. Ce mercredi matin, elle m’a contactée et nous prenons un petit déjeuner ensemble avant son départ jeudi.
Dans la foulée, autre prise de rendez vous pour une interview avec une équipe de japonais dont Laima la femme de Panapasi, le Secrétaire Général du Gouvernement m’avait confié qu’ils venaient de financer un nouveau camion citerne pour l’eau... Eux aussi ont été interpellés par les déchets (comment ne pas l’être). Laima m’a conseillé de leur parler pour aider au plan de financement du bulldozer pour lequel Tony, responsable de l’étude sur les déchets financée par ADB, avec qui nous correspondons depuis notre rencontre l’an dernier, m’avait envoyé un SOS. Une demande de fonds avait été déposée avant notre départ auprès du Fond Pacifique après en avoir touché un mot à Bruno Gain, le secrétaire Général.
Long rendez vous ensuite avec la nouvelle responsable du Kaupule, la mairie de Funafuti... dont les responsabilités sont souvent en parallèle avec celle du gouvernement, particulièrement en ce qui concerne les déchets. Un doublonnage qui a, ces dernières années, provoqué pas mal de ralentissement sur leur gestion sur l’île.... Beaucoup blablaté, beaucoup partagé et il nous a semblé que les choses pouvaient désormais aller dans le bon sens, hormis les lourdeurs administratives entre les deux structures. Par exemple, le Kaupule ne peut participer au relancement de la porcherie mise en place par AusAid il y a 3 ans qui fonctionne au 5e de ses capacités et dont le but : fabriquer du méthane n’a jamais été réalisé.... En revanche, kaupule et gouvernement peuvent s’entendre sur l’installation (s’ils trouvent les fonds) d’une autre porcherie plus grande ailleurs. Allez comprendre !
Et puis, oh surprise, interpellées tout à l’heure avec humour par un américain qui s’est installé à notre table : le représentant de Verisign, la boîte qui a conclu avec Tuvalu les accords sur .tv... Pour Laure : il nous a confirmé les chiffres et bien sûr ceux qui racontent que les tuvaluens ont reçu 50 M$ n’ont pas raison ! Je l’interviewe ce soir pour que tu l’entendes de tes propres oreilles.... Il semble qu’il pourrait financer la traduction de la BD en anglais si la Sopac ne s’y colle pas et devenir membre d’Alofa Tuvalu... Un chic type, ce Bart !
Jonathan, le capitaine, responsable de l’école maritime située sur un des îlots du lagon, l’a remplacé sur la chaise et nous a demandé si son île pouvait devenir l’île pilote pour la fabrication de bio diesel.... Comme c’était exactement ce à quoi je pensais la nuit dernière en réalisant qu’il fallait peut être commencer par un modèle encore plus petit que le tout Tuvalu, ça tombait bien. L’autre option est Niulakita, la plus petite des îles lointaines qui abrite à peine 35 personnes et est déjà équipée en solaire... Amatuku présente l’avantage d’être à une dizaine de kms de l’île capitale et possède des bateaux qui peuvent fonctionner au biodiesel, elle est déjà immaculée (gestion type armée) et ils ont besoin de reprendre leurs installations électriques et le bâtiment des étudiants. Ca pourrait se faire rapidement.
Demain, première réunion communautaire, avec distribution de graines avec l’association de Siuila, une instit, qui réunit une quarantaine de femmes devenues jardinières, avec l’aide de Canada Aid... Organisé pour elle une interview en tuvaluen avec mes potes de la radio pour annoncer “l’événement� où bien sûr nous parlerons aussi compost et bio gaz... L’idée étant est d’avoir le plus de monde possible car la réunion prévue avec Canada Aid la semaine passée avait rameuté 0 jardinières. Ca vient de se terminer, elle s’en est très bien sortie et avec un peu de chance ça portera ses fruits !
Parmi les taches manuelles planifiées cette nuit donc : terminer les petits paquets de graines. Nous en avions déjà fait une bonne centaine, quand Funny/minibuldo était là (une de nos occupations nocturnes) mais Sarah m’a indiqué que nous avions mis bien trop de graines pour une seule famille.... Pas grave, comme on en distribuera aussi aux communautés des îles (ou elles sont plusieurs centaines) le travail effectué ne sera pas perdu.... Heureusement qu’on a donné la moitié de ce qu’on avait reçu à Seluka Seluka (le responsable de l’agriculture durable qui nous avait demandé de lui en apporter pour les îles lointaines), sinon, le jour de mon départ, prévu le 19 septembre, j’en serais encore à confectionner des paquets et à compter les graines !
Pardon des longueurs, des digressions, des parenthèses interminables et Tofa à tous
Glg
Retour de la dernière soirée commémorant le décès de l'ancien gouverneur général. Cette fois Sarah m'a accompagnée pour goûter aux délicieuses saveurs des plats et chants tuvaluens. 3 heures en boite ce soir... une demie douzaine de bandes à copier ici puis à Paris, montage des familles? comme on dit : des images inédites, familiales et traditionnelles montées en longueur pour mes amis tuvaluens.
Bon vous allez peut être vous dire que nous tournons beaucoup pendant cette étude et penser comme Pierre en a fait la réflexion à Fanny : “en fait t’as fait un stage vidéoâ€?.... De l’extérieur on peut voir les choses comme ça, mais d’une part c’est largement réduire nos activités sur place, nombreuses même si toujours faites avec le sourire et dans la bonne humeur, d’autre part dans les faits le filmage rapporte non pas à notre plumage, mais bénéficie grandement à notre projet. Et puis les films de famille qui contribuent largement à notre intégration sur place c’est plutôt fastoche.
Grandes ambitions, petits moyens, mais on se débrouille et ça fonctionne ! Aujourd’hui si quelques grands médias ont encore les moyens de déplacer des montagnes de monde à l’autre bout de la planète, nous, pour essayer de remplir les trous d’un gruyère et construire juste une petite colline à Tuvalu, pour permettre à l’île du bout du monde de durer plus longtemps, on n’a pas les moyens de déplacer 1 personne de plus... Même pour le “vrai� film y a 2 ans, nous n’avons pu nous payer ce qu’on appelle une équipe technique et qui est beaucoup plus que ça et nous avions dû limiter nos ambitions financières à nos propres moyens. Chris et moi nous étions donc transformés en homme orchestre et femme à tout faire... (Mais je ne remercierai jamais assez Marie Pierre Cabello de nous avoir permis de partir cette première fois, qui fait qu’aujourd’hui je me mêle ainsi à la vie tuvaluenne. Merci aussi à Pierre Lescure et Ana Glogowski victimes de la guerre assassine des Messiers & Co, qui étaient plutôt prêts à participer au film… avant)...
Inutile de dire qu’on avait encore moins les moyens pour un ingénieur l’hiver dernier (enfin... l’été à Tuvalu) quand on est parties pour Small is Beautiful, même pas un vrai film. (A la rubrique remerciements, pour ce voyage là : Christian Gerin et Kouka et Philipe Alfonsi). Comme je déteste la technique, j’avais préféré comprendre que Laure pouvait s’occuper du son. Nous avons été toutes les deux nulles sur ce coup. Ca m’a coûté des semaines de boulot pour monter la soirée où notre ambassa-bird, Eugène Berg, dansait un Fatele local... le son saturé à donf m’écorchait les oreilles et est inexploitable même pour un film de famille... . J’aurais dû laisser tomber le Fatele mais, entêtée, j’ai finalement pu remettre une copie à notre ambassadeur et ceux de Funafuti qui “sont dans le film� en me promettant de remplacer, dès que j’en aurai l’occasion, les Fatele par les sons enregistrés par Iacopo, le caméraman local, ce soir-là .
Cet été 2005 -enfin l’hiver à Tuvalu, mais été ou hiver it does not make any difference car à Tuvalu il fait toujours une trentaine de degrés, il pleut souvent mais pas sans arrêt et les journées sont belles- Fanny a bien assuré pour son son, (celui de sa dv a elle) je crois (Funny : j’espère, en tout cas je me suis appliquée et y a des choses utilisables, quand les têtes ne sont pas coupées). Quant à moi, j’utilise maintenant de préférence la “grosse� en faisant confiance aux réglages genre automatiques de Chris. L’an dernier je n’ai appréhendé l’ampleur du désastre son qu’une fois à Paris, cette fois encore je ne vérifie pas trop, j’oublie de regarder les niveaux avant ou pendant... et pas le temps de dérusher les bandes, c’est dire... et, quand j’y pense, c’est plus le moment où j’en ai simplement pas envie. On peut donc dire “peut mieux faire� mais 1-comme on tourne beaucoup, y’aura de toute façon de quoi faire nos films institutionnels ou de famille et 2- c’est moins dramatique que l’an dernier comme je viens de le vérifier sur les chants de cette dernière soirée funéraire. C’est même plutôt bon et le montage sera certainement moins laborieux que celui d’Ambassabird.
Tout ça pour dire que si mon 3e oeil enregistre beaucoup de choses qui n’ont rien à voir avec l’étude, avoir le privilège d’entrer dans l’intimité des familles (toujours très élargies et nombreuses) ouvrent inexorablement des portes au projet. Et si nous ne sommes pas encore invités officiellement à toutes les cérémonies gouvernementales, nous y sommes d’une manière ou d’une autre. Jeudi matin c’est par hasard que j’ai découvert dans l’objectif Steve de la Marine et la douzaine de flics Tuvaluens en costume d’apparat puis défiler tous les membres du gouvernement et des femmes en noir... Me voyant filmer la famille m’a demandé d’enregistrer les réunions et autres cérémonies sur 3 jours.
Ceci pour dire aussi que la communication, les relations publiques ou personnelles sont, pour moi, des éléments déterminants de la réussite d’un projet. Pierre, si tu lis ces lignes, sache que même si l’idée de la communication te donne des boutons plus gros que ceux des moustiques (ou de l’animal que tu préfères que je ne nomme pas) pour moi, les quelques discussions un peu chaudes que nous avons pu avoir autour de ce concept (et sauf à insister sur l’énergie solaire, je ne me souviens pas d’autres sujets de discorde dans la colo) ne m’ont pas convaincue du contraire. Ca n’a pas empêché Fanny de travailler sur l’étude et ses articles pour Science Frontières le jour, d’enregistrer les entretiens, plus fiable que de prendre des notes. La nuit elle digitalisait, me transférait les fichiers ou copiait sur dvd des images des années précédentes : Trouble in Paradise, Ambassabird, Soutiens à Small is Beatutiful en attendant de pouvoir graver ce qui effectivement nous a demandé plusieurs nuits de boulot : le montage des 10 chansons du Fagogo Malipolipo, le groupe local, promis à Tetele, un des musiciens qui rentre dans son ile natale... Certes, on s’est écroulées souvent aux aurores.... mais toujours debout à l’heure, prêtes pour une nouvelle journée.
Depuis le départ de Pierre et Fanny et la terminaison du montage musical, j’en ai tiré la leçon de ne plus faire de promesses de montage inconsidérées, reportant à Paris tout autre type de travaux video que le tournage. Je passe mes journées en rendez vous, à préparer les “community meetings� qui commencent ce jeudi pour se terminer après le départ de Sarah et mes nuits à laborieusement reprendre les traductions de la 2e pré pré étude en cours rédigée par Pierre avant de partir; tout en jetant un oeil sur le premier jet de Sarah-biomasse, et en essayant de comprendre les documents financiers de l’Ademe internationale ou le fonds Rolex.
Pour finir sur la communication (enfin... peut être), merci à Professeur Anatra du Canard pour son article très sympathique sur Tuvalu et Alofa Tuvalu et pour avoir envie de reprendre les quelques erreurs qui s’étaient glissées (alofa=aimer et pas bonjour mais on s’en tape un peu et quelques autres trucs) dans un prochain papier plus grand plus tard. Ce qui m’a le plus gênée c’est qu’il mentionne l’Ademe pour l’étude (prématuré) et pas le Fonds Pacifique alors que pour le moment, c’est notre seul vrai support financier et que Bruno Gain, le Secrétaire Général pour le Pacifique, a été particulièrement sympathique.
Ah... j’ai oublié de rassurer ceux que j’avais inquiétés : après avoir considéré faire mes valises et paniqué un peu à l’idée de devoir partir une semaine pour une histoire d’abcès buccal (sur les 2 semaines qui nous restaient, je voyais mal comment faire tenir tout en une)...L’autre option étant l’hosto de Tuvalu, au lieu de prier, j’ai examiné la situation et, à la guerre comme à la guerre, j’ai incisé moi-même. Ca ne pouvait pas être vraiment pire. Même pas mal, Même plus mal, mais toujours antibio.
Le début de cette semaine est donc de meilleur augure que la fin de la précédente.... Quant à la préparation des community meetings qui me paniquait un peu elle a, elle aussi, été aidée par les relations, les amitiés liées. Lundi matin : très bonne réunion avec la directrice de l’école. J’arrivais bien sûr avec le dvd Ambassabird qui avait fait une visite de l’école l’an dernier, une dizaine de T shirts et sur la clé USB la BD couleur qui l’a beaucoup impressionnée. Non seulement elle est pour l’opération, (elle en avait les larmes aux yeux) mais elle veut aussi avec nos graines re-démarrer un jardin dans l’école et va organiser une réunion de parents d’élèves pour que nous parlions de biomassse. Et bien sûr, les mômes n’ayant pas de email c’est par son intermédiaire que se fera la correspondance avec les petits Français.
Next stop : l’église où tous les pasteurs étaient réunis pour un thé. 2 dvd cette fois à Kitiona, le chef : le montage des soutiens à Smalll is Beautiful recueillis l’an dernier et toujours “ambassabird�... Du coup, dès les présentations de Sarah faites, c’est lui qui a lancé la discussion et proposé de faire une réunion parmi la communauté religieuse... On verra s’il donne suite mais ça le ferait grave de parler biomasse après les sermons et les prêches !
Just’à coté, passées voir Vaieli, la femme d’un des pasteurs, une femme super que j’aime beaucoup et qui a un petit jardin ou pousse le seul basilique des îles. Elle était donc déjà sur la liste pour les graines. Blablabla. On lui parle de réunion communautaire et il se trouve qu’elle est responsable de la réunion des femmes de Funafuti où nous ferons (ou plutôt Sarah fera) mardi prochain un discours sur la biomasse, les digesteurs etc. etc.
Puis Hilia (de la météo) l’après-midi que je n’avais pas revue depuis avant le 15 août et qui commençait à se demander si je n’étais pas repartie sans lui dire au revoir... Avec elle on est bookées pour la réunion des femmes de Nanumea samedi et elle a proposé de s’occuper des 4 autres îles... Depuis on lui a annoncé un voyage au Japon. Elle est donc partie mais pas sans m’avoir trimballée, la veille de son départ, de maison en maison, chez les femmes responsables des îles. Et je croise les doigts pour retrouver Hilia fin Septembre à Paris pour la conférence de Météo France.
Pas encore eu le temps de voir Penni pour Nukufetau ni Tia pour Vaitupu car Sarah prétextant qu’il fallait qu’elle se mette à écrire, m’a expédiée à un atelier sur les POPS (les polluants persistants)... qui a duré la matinée du mardi. J’avais d’abord refusé leur déjeuner puis me suis laissée embarquer par Monise, le patron manchot de la coopérative des Fusi, premier importateur, qui va importer les ampoules basses consommation à visse dont on m’avait dit, après mes prêches sur les économies d’énergie l’an dernier que ça manquait sur l’île. Il a aussi commandé des sachets papiers et des filets. Du coup je lui ai parlé des sacs papiers à poignée... réutilisables...
Opération zéro sac plastique qu’ils avaient dit ? une organisation germano-australienne a, en juillet, en effet prestement évacués tous les sacs plastiques de l’île, sans tambour ni trompette... donc sans communication locale mais pour communication internationale. Les gens se plaignaient de n’avoir plus de sacs plastiques (à Tuvalu, ils les recyclent jusqu’à plus soif pour conserver les chips d’arbre à pain, tenir le poisson à l’abri des mouches…). L’organisation avait distribué des cabas cotons… en quantité insuffisante et tellement grands que les gamins ne pouvaient les porter sans les traîner parterre. En plus, Monise m’a confié que la représentante de cette ONG aux méthodes expéditives n’avait jamais tenu sa promesse de racheter à la coopérative les 10 000 sacs plastiques qu’il venait tout juste de commander… Bref les plastiques réapparaissent, d’autant que la rafle semble avoir épargner les autres magasins, allez savoir pourquoi ?
D’ailleurs, dans la cour de l’école, nous avons réalisé avec stupeur que tous les mômes, pour leur lunch, achetaient maintenant des sandwichs enroulés dans du film plastique (non biodégradable après vérification toujours auprès de Monise)... Ici, un sac plastique se réutilise à l’infini mais un film... on l’utilise un coup et hop on le jette ! Et rien n’est toujours fait pour les bouteilles plastiques que les palagis (en dehors de nous) déposent sans état d’âme dans leur corbeille de chambre d’hôtel tout en faisant des réflexions (justifiées sur les déchets dans l’île. (Funny confirme que le premier wagon de bouteilles rapportées de Tuvalu a rejoint un centre de recyclage parisien, ce n’était curieusement pas le bagage dont Los Angeles avait décidé de différer l’envoi !)
Parmi les nouveaux arrivants de cette semaine : le Haut commissaire australien, flanquée (car c’est une femme) de deux militaires et marins ainsi que d’une jeune femme, Stephany, d’Aus Aid qui a décidé de reprendre quelques activités sur l’archipel. Atterrée par les ordures, Stephany, dès le premier soir au dîner australien où nous n’étions pas conviées, commençait à échafauder des plans sur la comète devant John, un de nos expats favoris... qui l’a interrompue en lui expliquant qu’il serait intelligent de ne pas réinventer la roue mais de savoir ce qui existait en lui indiquant que je pourrais sans doute l’aider. Ce mercredi matin, elle m’a contactée et nous prenons un petit déjeuner ensemble avant son départ jeudi.
Dans la foulée, autre prise de rendez vous pour une interview avec une équipe de japonais dont Laima la femme de Panapasi, le Secrétaire Général du Gouvernement m’avait confié qu’ils venaient de financer un nouveau camion citerne pour l’eau... Eux aussi ont été interpellés par les déchets (comment ne pas l’être). Laima m’a conseillé de leur parler pour aider au plan de financement du bulldozer pour lequel Tony, responsable de l’étude sur les déchets financée par ADB, avec qui nous correspondons depuis notre rencontre l’an dernier, m’avait envoyé un SOS. Une demande de fonds avait été déposée avant notre départ auprès du Fond Pacifique après en avoir touché un mot à Bruno Gain, le secrétaire Général.
Long rendez vous ensuite avec la nouvelle responsable du Kaupule, la mairie de Funafuti... dont les responsabilités sont souvent en parallèle avec celle du gouvernement, particulièrement en ce qui concerne les déchets. Un doublonnage qui a, ces dernières années, provoqué pas mal de ralentissement sur leur gestion sur l’île.... Beaucoup blablaté, beaucoup partagé et il nous a semblé que les choses pouvaient désormais aller dans le bon sens, hormis les lourdeurs administratives entre les deux structures. Par exemple, le Kaupule ne peut participer au relancement de la porcherie mise en place par AusAid il y a 3 ans qui fonctionne au 5e de ses capacités et dont le but : fabriquer du méthane n’a jamais été réalisé.... En revanche, kaupule et gouvernement peuvent s’entendre sur l’installation (s’ils trouvent les fonds) d’une autre porcherie plus grande ailleurs. Allez comprendre !
Et puis, oh surprise, interpellées tout à l’heure avec humour par un américain qui s’est installé à notre table : le représentant de Verisign, la boîte qui a conclu avec Tuvalu les accords sur .tv... Pour Laure : il nous a confirmé les chiffres et bien sûr ceux qui racontent que les tuvaluens ont reçu 50 M$ n’ont pas raison ! Je l’interviewe ce soir pour que tu l’entendes de tes propres oreilles.... Il semble qu’il pourrait financer la traduction de la BD en anglais si la Sopac ne s’y colle pas et devenir membre d’Alofa Tuvalu... Un chic type, ce Bart !
Jonathan, le capitaine, responsable de l’école maritime située sur un des îlots du lagon, l’a remplacé sur la chaise et nous a demandé si son île pouvait devenir l’île pilote pour la fabrication de bio diesel.... Comme c’était exactement ce à quoi je pensais la nuit dernière en réalisant qu’il fallait peut être commencer par un modèle encore plus petit que le tout Tuvalu, ça tombait bien. L’autre option est Niulakita, la plus petite des îles lointaines qui abrite à peine 35 personnes et est déjà équipée en solaire... Amatuku présente l’avantage d’être à une dizaine de kms de l’île capitale et possède des bateaux qui peuvent fonctionner au biodiesel, elle est déjà immaculée (gestion type armée) et ils ont besoin de reprendre leurs installations électriques et le bâtiment des étudiants. Ca pourrait se faire rapidement.
Demain, première réunion communautaire, avec distribution de graines avec l’association de Siuila, une instit, qui réunit une quarantaine de femmes devenues jardinières, avec l’aide de Canada Aid... Organisé pour elle une interview en tuvaluen avec mes potes de la radio pour annoncer “l’événement� où bien sûr nous parlerons aussi compost et bio gaz... L’idée étant est d’avoir le plus de monde possible car la réunion prévue avec Canada Aid la semaine passée avait rameuté 0 jardinières. Ca vient de se terminer, elle s’en est très bien sortie et avec un peu de chance ça portera ses fruits !
Parmi les taches manuelles planifiées cette nuit donc : terminer les petits paquets de graines. Nous en avions déjà fait une bonne centaine, quand Funny/minibuldo était là (une de nos occupations nocturnes) mais Sarah m’a indiqué que nous avions mis bien trop de graines pour une seule famille.... Pas grave, comme on en distribuera aussi aux communautés des îles (ou elles sont plusieurs centaines) le travail effectué ne sera pas perdu.... Heureusement qu’on a donné la moitié de ce qu’on avait reçu à Seluka Seluka (le responsable de l’agriculture durable qui nous avait demandé de lui en apporter pour les îles lointaines), sinon, le jour de mon départ, prévu le 19 septembre, j’en serais encore à confectionner des paquets et à compter les graines !
Pardon des longueurs, des digressions, des parenthèses interminables et Tofa à tous
Glg
14 / 02 / 06 - 10 : 41
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29 / 11 / 07 - 23 : 13