CONTEXTE
Small is Beautiful (SIB) est lancé en 2004 avec pour objectif d’aider l’archipel à devenir, avant sa disparition annoncée, une nation exemplaire dans les grands domaines du développement durable en harmonie avec l’écosystème : eau, déchets, énergie, biodiversité des espaces naturels et côtiers. Une vitrine pour la planète, un modèle exportable dans d’autres régions du monde aux problématiques similaires, une manière pour Tuvalu de laisser une trace positive dans l’Univers et peut être de préserver sa terre. L’objectif ultime : participer à un mouvement actif au niveau global pour freiner les dérèglements climatiques, tout en apportant des solutions pratiques à plusieurs des problèmes des petits états insulaires.
Fin 2004, répondant au souhait exprimé en 2003 par le gouvernement tuvaluen au Ministère des Affaires Etrangères françaises de développer des énergies renouvelables, SiB obtient l’adhésion et l’assurance d’une participation active de la population tuvaluenne.
Pendant l’été 2005, Alofa Tuvalu effectue un voyage d’étude en compagnie de deux chercheurs, spécialistes des énergies renouvelables : Sarah Hemstock et Pierre Radanne. Après une présentation de la première ébauche, le gouvernement invite l’association à poursuivre ses travaux, courrier officiel à l’appui. La signature en septembre 2005 d’un accord avec l’école maritime (TMTI) situé sur Amatuku, un îlot dont elle est l’unique occupant, au nord de l’île capitale Funafuti, entérine le lancement de la troisième phase de développement, partie intégrante de l’étude globale des énergies renouvelables à Tuvalu : Amatuku, îlot pilote.
L'ETUDE
Nos experts ont épluché des centaines d’études et données, 20 ans de rapports sur l’agriculture, 50 ans de mesures sur le vent. Ils ont aussi consulté et interviewé plusieurs centaines de personnes. L'étude a été terminée en mars 2006. Voici quelques-unes des grandes conclusions et recommandations...
Si la contribution aux émissions de gaz à effet de serre de Tuvalu est minime, le pétrole répond à presque 100% des besoins énergétiques du pays dont près de 40% pour le transport maritime de personnes et de marchandises et plus de 40% pour l’électricité et la cuisine (figure 2). Aujourd’hui, choc pétrolier oblige, ce sont tous les aspects de la vie tuvaluenne qui sont menacés.
Augmentation de la demande mondiale, épuisement de la ressource… le prix du baril est voué à augmenter régulièrement dans les prochaines décennies. Les petites îles du Pacifique ne pourront suivre.
Répartition de la consomation énérgétique de Tuvalu.
- Les besoins énergétiques ont augmenté depuis l’installation par le Japon en 2003 de l’hôpital et en 2004 de l’immeuble du gouvernement offert par Taiwan. Le Japon installe en 2006 3 nouveaux générateurs à fioul : la production excédant les besoins ira à l’encontre des obligations internationales, tels que les objectifs de réduction des gaz à effet de serre du protocole de Kyoto d’ici 2012.
- Pionnier il y a 20 ans pour l’énergie solaire, avec l’installation de systèmes sur les îles éloignées, Tuvalu est aujourd’hui à la traîne. Sans formation des utilisateurs, sans maintenance, les appareils sont rapidement hors service, un problème récurrent dans les petits états du Pacifique et d’ailleurs.
- La production de copra pour l’export s’est effondrée car non compétitive du fait des distances.
- Si les canettes sont compactées et expédiées en Nouvelle Zélande, les déchets, organiques à 70%, rejoignent la décharge mise en place par l’Australie en 2000. Sans bâche protectrice, les jus toxiques s’écoulent et contaminent les eaux.
- La contamination du sol par les remontées d’eau de mer conduit à l’abandon de cultures comme le taro traditionnel, et au recours aux importations.
- Sans nappes phréatiques exploitables, la pluie est la seule source d’eau potable des 9 îles. Les réservoirs se multiplient mais tous les habitants ne peuvent se les payer. 64% seulement font bouillir l’eau de boisson : 40% au feu de bois, le reste aux dérivés de pétrole. Seule l’île capitale a une unité de désalinisation (souvent HS).
- L’assainissement des eaux usées est rudimentaire. L’observation récente d’efflorescences algales malodorantes au bord du lagon laisse penser que les rejets toxiques perturbent déjà la chaîne trophique.
a) Sortir rapidement Tuvalu de la dépendance au pétrole :
- en valorisant les déchets et en développant la filière biomasse (biogaz pour la cuisine et l’électricité et biodiesel particulièrement pour les bateaux).
- en mesurant plus efficacement le potentiel éolien sur les 9 îles en vue de l’installation de petites éoliennes sur toutes les îles.
- en consolidant les installations solaires existantes pour une optimisation du réseau.
- Assurer le succès du programme étendu à la nation avec la mise en place dans les deux ans d’un centre de démonstration et de formation aux énergies renouvelables et particulièrement à la biomasse.
b) Renforcer, dans un second temps, les bénéfices des énergies renouvelables :
- en perfectionnant l’assainissement des eaux usées : purification/filtrage via la production d’électricité (biogaz ou chauffe-eau solaire), toilettes sèches productrices de compost, épandage sur sable… Ceci sous-entend l’analyse préalable des eaux.
éliorant les méthodes de stockage/production d’eau potable et en communiquant sur l’intérêt sanitaire de faire bouillir l’eau de boisson et d’utiliser de l’eau chaude pour les personnes fragiles.
Lors de consultations communautaires organisées pour recueillir des données complémentaires (et sensibiliser à tous les thèmes de l’environnement) :
- 300 femmes des 9 îles ont accepté d’être formées à l’installation et à l’usage de biodigesteurs qu’elles souhaitent communautaires, proposant des terres pour les replantations de cocotiers (biomasse) et ébauchant des business plans sur la vente de gaz, compost, légumes, lisier de porc…
- 200 producteurs de noix de coco de Nukufetao et Vaitupu ont plébiscité la revitalisation l’industrie du coprah à travers la production de biodiesel et se sont alignés sur les prix de vente du marché.
23 septembre 2005 : lettre officielle du gouvernement pour la poursuite de l’étude globale et contrat avec l’école maritime TMTI
- 24 Mars 2006 : présentation au Conseil des Ministres,
- 30 Mars 2006 : Annonce du projet par le Gouverneur Général au Parlement
- Avril 2006 : discussion au Parlement.
- Avril 2006 : le projet est entériné par le conseil d’administration de l’Institut Maritime.
Le premier jour sur
Le second jour sur
... et le récit sur le blog
Voir une distribution de graines biologiques en 2006 sur
Fin 2004, Seluka Seluka, du département de l’agriculture durable de Tuvalu demande à Gilliane (à l’époque Alofa Tuvalu n’existait pas encore), de lui apporter des graines pour relancer les cultures et lutter contre le sol salin en privilégiant les espèces grimpantes. Le taro, le tubercule traditionnel, est devenu impossible à cultiver compte tenu de la salinisation des sols.. Kokopelli et la Ferme de Ste Marthe de Philippe Desbrosses offrent des dizaines de sachets de graines de melon, tomates, pastèques, courgettes, aubergines, concombres..., toutes biologiques. Seluka est allé réaliser des tests de plantations à Vaitupu et Nukufetau. Les premiers essais sont concluants et les tomates, toutes variétés confondues, élèvent leurs plans à 3 mètres du sol en quelques mois. Le volume de graines obtenu de nos généreux donateurs a aussi permis la constitution de plusieurs milliers de petits paquets. Une campagne radio a lancé les premières distributions. Ils sont depuis remis aux Tuvaluens qui en expriment le désir lors des réunions communautaires, au hasard de nos rencontres et à tous ceux à qui il nous semble utile d’expliquer l’importance de ces graines comme le département de l’agriculture et les associations de jardiniers. Pour l‘anecdote, premiers invités officiels du Premier Ministre (PM) Apisai et sa femme Nala, lors de leur prise de position, nous avons dégusté les haricots verts nés des graines données au précédent PM.
Depuis l’adhésion des Tuvaluens à « Small is Beautiful » en 2004, toutes les étapes de la mise en place du plan décennal sont réalisées avec la population de manière à rester au plus près de ses désirs et attentes.
Voir 3 réunions communautaires sur le biogaz en 2006 sur YouTube
Alofa Tuvalu organise régulièrement des réunions communautaires dont les thématiques suivent le calendrier du programme. En 2006, c’est sur le biogaz et la valorisation de la biomasse, des déchets organiques et sur le compostage que portent les séances. Les communautés de femmes des différentes îles avaient chacune nommé quatre représentantes pour être formées dès le démarrage des travaux de construction des biodigesteurs. En 2008, la sensibilisation a porté sur les biofuels et la gazéification.
Pour la petite histoire… La préparation des réunions communautaires avec les femmes représentantes des 9 îles est facilitée par les relations et les amitiés liées au fil des années. Réunissant de 20 à 200 femmes, elles se sont révélées un excellent moyen pour évaluer les besoins des familles tuvaluennes et les initier à l’économie et à l’environnement. Les femmes ont vite compris que planter des graines biologiques sur une terre nourrie au compost et utiliser du biogaz pour la cuisine ou la production d’électricité... pouvait jouer un rôle vital sur les importations de leur pays. Elles ont vite réalisé les bienfaits d’un jardin potager sur la santé de leurs îles et de leur famille... Les produits alimentaires aujourd’hui importés (2e poste des imports) coûtent chers... 70% des déchets sont organiques... Utiliser le compost réduit le volume d’autant... Quant à l’énergie qui représente la première dépense en import, elle coûte de plus en plus cher alors que le méthane dégagé par les déchets organiques peut être récupéré ET fournir le meilleur compost possible...
Ces réunions nous permettent d’entendre les femmes sur leur mode de cuisson et de leur expliquer le fonctionnement des digesteurs qui permettent de créer à la fois du biogas (pour remplacer le kérosène ou le gaz liquide) et un meilleur compost.....
La première réunion organisée sur l’île capitale de Funafuti a été facilitée par Siluia, une institutrice active également Présidente de Island Care, une association qui réunit une quarantaine de femmes devenues jardinières avec l’aide de Canada Aid. Gilliane Le Gallic avait organisé une interview de Siula à la radio tuvaluenne pour annoncer la distribution, qui avait attiré une bonne vingtaine de femmes et quelques fillettes. Vaieli, la femme de l’un des pasteurs a un petit jardin où pousse le seul basilic de l’archipel, elle est aussi responsable de la communauté des femmes de l’île capitale. Pati qui agrémente les plats servis à l’hôtel avec des légumes de son jardin, a choisi de tester différents types de pastèques. De la petite ronde à celle de 1 kg qui risque bien ici d’en faire 2 ou 3 !
Les femmes rencontrées ensuite dans le cadre de ces réunions n’avaient pour la plupart jamais jardiné de leur vie. Grâce à l’entremise d’Hilia Vavae, la responsable de la station météo, une adhérente et soutien de la première heure, qui a également pris le temps de nous présenter les représentantes d’autres îles, nous avons réuni des femmes de Nanumea et Nukulaelae. Les responsables de Nanumanga, que nous avions eu peine à contacter, se sont présentées directement à l’hôtel conduites par Siluia. La présidente ne parlant que le tuvaluen, la vice Présidente servait de traductrice. A la fin de la réunion, elles ont voté à mains levées l’adoption du biogas et expliqué combien elles seraient fières de nous montrer leurs jardins lors de notre prochain voyage. Ont suivi ensuite Nuitao, Vaitupu et Nui, organisée par l’intermédiaire de Tia, la femme de l’un des musiciens du Fagogo Malipolipo !
Au sortir de chacune des réunions, les femmes applaudissent, plébiscitent le biogas et promettent de faire bon usage des graines fournies. Nous avons décidé de faire valider toute idée et action par ce biais des réunions communautaires parallèlement aux dialogues avec les politiques.
Pour les déchets organiques, 70% à 80% des déchets à Tuvalu, nous mettons en avant les potentialités du compostage et leur valorisation énergétique :
Biogas de lisier de porc et de déchets humains pour la cuisine, gazéification des déchets organiques non fermentécibles (cosses et bourre de noix de coco par exemple) pour produire de l’électricité. (voir les réalisations pour plus de détails)
Déchets inorganiques : Des contacts réguliers ont lieu avec les responsables de la gestion des déchets et les importateurs pour tenter de mettre en place des containers provisoires qui recevraient les déchets plastiques et de verre avant le retour à l’exportateur ou une utilisation sur place. La Présidente d’Alofa Tuvalu a également recommandé la mise en place de filets de récupération des canettes, qui repartent compactée vers la Nouvelle Zélande et suggéré de placer à l’aéroport un panneau enjoignant les visiteurs d’emporter avec eux le volume de déchets qu’ils auront générés durant leur séjour.
Et bien sûr, ajoutant aux prêches quotidiens, naturellement, le bureau, avec ses 5 conteneurs, est devenu un lieu de sensibilisation au tri des déchets.
Pour aller plus loin, Alofa Tuvalu s’est rapprochée de l’Agence Française de Développement à l’invitation du Ministère des Affaires Etrangères Français. L’AFD développe avec le PNUE, le SPREP et l’USP une vaste initiative de gestion des déchets dans le Pacifique.
Pour la petite histoire… Un exemple de mauvais choix d’aide : une organisation germano-australienne a, en quelques jours de juillet et sans consultation de la population, supprimé tous les sacs plastiques de l’île, pour une campagne de communication internationale en oubliant d’en prévenir la population. Les Tuvaluens utilisent le plastique jusqu’à plus soif pour conserver les chips d’arbre à pain, tenir le poisson à l’abri des mouches… L’organisation « aidante » avait distribué des cabas en cotons… en quantité insuffisante et tellement grands que les enfants les traînaient par terre. La représentante de cette ONG, qui n’a jamais répondu à notre courrier, n’a, aux dires de Monise, président de la coopérative, pas tenu sa promesse de racheter à la coopérative les 10 000 sacs plastiques qui venaient d’être commandés… et qui, de ce fait ont été à nouveau distribués. Aujourd’hui le plastique a repris ses droits.
Rendre aux Tuvaluens les images prises est une tradition depuis Nuages au Paradis, tourné en 2003. Chaque participant a reçu une copie du film l'année suivante. Au fil des ans, ce qui est devenu le 3e oeil d'Alofa Tuvalu - la caméra - capte toutes les étapes du travail de l'association, ainsi que les cérémonies, activités culturelles etc. Il en résulte que les membres de l'équipe d'Alofa Tuvalu sont souvent considérés comme des membres de la famille, caméra incluse. Chaque année, Alofa Tuvalu rend les images prises à l'occasion d'une exposition photographique traditionnelle à l'hôtel Vaiaku et les vidéos sont remises à toutes les personnes concernées. Nuages au Paradis est le seul film commercial de la collection.
Les vidéos des activités d'Alofa Tuvalu sont disponibles sur . Les autres ont été réalisées uniquement pour les Tuvaluens.
La réalisation de séries quotidiennes de programmes radio sur l’efficacité énergétique, les énergies renouvelables et les déchets co-financée par l’Ambassade de Taiwan et Alofa Tuvalu, réalisée avec et pour les Tuvaluens a permis de renforcer la pénétrance du discours de sensibilisation, ainsi que l’appropriation des actions d’Alofa Tuvalu par la population... En dépit de l'intrusion de la télévision câblée, radio Tuvalu demeure un media essentiel dans la vie de la communauté.
« 100 little things you can do to help Tuvalu and You » : Une première série de 13 d’émissions de 5 min a été réalisée, 1 geste quotidien par émission pour que les tuvaluens puissent parler « aux tuvaluens » de leurs économies d’énergie et de leurs solutions aux problèmes de déchets en croisant les thèmes.
La structure :1m+2mn+1m30. une introduction de la Présidente du bureau local Susie Kofe, suivie de l'intervention d’un témoin qui a mesuré un bénéfice en modifiant une habitude et une conclusion de Sarah : « la minuste scientifique » ou Gilliane « la minute de bon sens »... qui élargit l'exemple et le replace dans le contexte globale des changements climatiques.
Munis d'une base de texte en anglais avec des mots clés, les témoins devaient chacun remettre un papier d'une page en tuvaluen à la radio. 1 mn par personne sur le papier... souvent bien plus dans la réalité, il a fallu couper souvent, réenregistrer etc. Pour la plupart des témoins, s’installer devant un micro est une première qui réfrigère. Tous étaient très contents d’avoir relevé le défi.
D’une manière générale, Alofa Tuvalu fait appel aux médias locaux : les journalistes de Tuvalu Media Corporation relaient les communiqués sur www.tuvalu-news.tv, de même que la radio locale se prête volontiers aux annonces des divers événements auxquels Alofa Tuvalu collabore.
Chaque année, c’est devenu une tradition, Alofa organise au Vaiaku Lagi Hotel une exposition de photos réalisées au cours de la mission précédente. Les photos restent exposées au mur jusqu’à ce que chacun soit venu décrocher la sienne.
C’est en Décembre 2004, à l’occasion d’un voyage de sensibilisation de la population tuvaluenne au plan Small is Beautiful, que Gilliane Le Gallic, réalisatrice de « Nuages au Paradis : Tuvalu, nation en voie de disparition » et Laure Noualhat, journaliste à Libération, ont mis en place le Club de la Presse Internationale Francophone de Tuvalu, avec le soutien de l’Union de la Presse Internationale Francophone, du Club Francophile et de Tuvalu Media Corporation.
Parmi les premiers adhérents : des journalistes de Tuvalu Media Corporation : Melali Taape, responsable de l’entreprise, Yvette d’Unienville, dont le père est de nationalité française, journaliste radio et Silifaga Lalua, responsable de « Tuvalu Echoes »; Marica Eluti, consul honoraire de France, créatrice du Club francophile et rédactrice pour les lettres d’information du Bureau Philatélique et du Conseil des Femmes.
Ont également adhéré deux journalistes de la région pacifique qui se rendent aussi souvent qu’ils le peuvent à Tuvalu pour former, bénévolement, les journalistes et photographes de l’archipel : Jocelyn Carlin, photographe/rédactrice d’origine néo-zélandaise et Mark Hayes, professeur de journalisme, d’origine australienne.
Symboliquement, le Club a été créé lors de la première visite à Tuvalu du nouvel ambassadeur de France à Fidji en 2005 : Eugène Berg.
Nous avons inscrit en 2005 trois musiciens du Fagogo Malipolipo, le groupe le plus populaire de Tuvalu, à la Sacem et déposé 10 titres. Un CD a été remis à quelques sociétés de production de disques avec l’idée de faire de l’un des morceaux, un tube de l’été. Sans succès pour le moment. Sans doute parce que faute de temps, nous n’avons jamais relancé. A nous il fait toujours aussi plaisir de les écouter.
Compte-rendu du 3e voyage à Tuvalu, du 23 Juillet au 25 septembre 2005
étude d’adaptabilité des énergies renouvelables à Tuvalu par:
Sarah HEMSTOCK
Fanny HEROS
Gilliane LE GALLIC
Pierre RADANNE
Introduction
L’Etape Fidjienne
L’Etude
A chacun ses Méthodes
Rendez vous
Réunions communautaires
Les premières recommandations
Amatuku : l’îlot modèle
Au delà de l’étude:
Distribution de graines organiques,
sensibilisation au compost, aux déchets, au biogaz, à la pollution de l’eau
Rencontres « internationales » concernant les déchets
La Education, Culture, Convivialité
Après un film en 2003, « Nuages au Paradis » c’est avec la volonté d’aider Tuvalu à à survivre en tant que nation, qu’est créée l’association Alofa Tuvalu et imaginé le plan décennal « Small is Beautiful dont un des objectifs est d’aider Tuvalu à devenir un modèle environnemental reproductible. Après avoir obtenu, fin 2004, l’adhésion de la population, Alofa Tuvalu mandate deux experts indépendants pour étudier les potentialités d’adaptation des énergies renouvelables à Tuvalu :
Pierre Radanne, ancien Président de l’ADEME et négociateur pour la France à Kyoto et Sarah Hemstock, consultante pour la SOPAC (Fidji) et l’Imperial College Center for Energy Policy and Technology font le voyage, accompagnés de Gilliane Le Gallic, réalisatrice et Présidente de l’association et Fanny Héros, journaliste scientifique, du 23 Juillet au 23 Septembre 2005.
Après une présentation des premières analyses aux membres du gouvernement concerné, mi Août, Saufatu Sopoaga, Ministre de l’Energie et des Transports a officiellement invité Alofa Tuvalu a poursuivre l’étude (voir lettre en annexe). Mi Septembre, après discussion des premières recommandations, un accord préliminaire a également été scellé avec le capitaine de l’école maritime, Jonathan Gayton, pour la mise en place à court terme d’un micro-modèle environnemental et centre de formation des Tuvaluens aux technologies renouvelables, sur Amatuku, l’un des îlots de l’atoll « capitale ».
De nombreuses autres activités parallèles ont eu lieu au cours de ce voyage et, par l’entremise de sa Présidente pour qui c’était le 3e voyage, Alofa Tuvalu a scellé des liens étroits et privilégiés avec les Tuvaluens qui permettent d’oeuvrer ensemble à la mise en place de « ‘Small is Beautifull » .
1-L’étape Fidjienne
Fidji est une étape obligée sur le chemin de Tuvalu. Le Voyage a ainsi commencé par une étape de 3 jours à Fidji. La plupart des donateurs et organismes d’aide internationaux qui oeuvrent dans la zone pacifique disposent de bureaux à Fidji. Nous avons pris l’habitude de les rencontrer à chacun de nos voyages dans le Pacifique. Nous avons la chance de bénéficier du soutien d’Eugène Berg, ambassadeur de France à Fidji, qui a eu la gentillesse d’organiser un dîner qui nous a permis en quelques heures de retrouver la quinzaine de contacts rencontrés pendant nos précédents voyages. Un privilège qui continue de nous surprendre et qui porte largement ses fruits. Parmi la quinzaine d’invités :
Quelques amis rencontrés autour du film : Garry Wiseman, coordinateur du PNUD Pacifique, qui nous a reçus le lendemain pour nous présenter un associé pour le GEF (Global Environment Fund) et l’énergie ; Taukelina Finikaso, le Haut Commissaire de Tuvalu, que nous croiserons le surlendemain à l’aéroport ; Aren Baoa du South Pacific Community, et frère d’Atabi, l’un des musiciens du Fagogo Malipolipo rencontré la veille pour lui remettre sa cadre d’adhérent à la Sacem ; Yogita, responsable de l'éducation à la Sopac, une institution financée par des subventions internationales qui joue un rôle d’expertise et de communication sur le climat dans la région pacifique et qui nous a reçu le lendemain dans ses locaux fidjiens ; Julie Sutherland de l'Union Européenne, également rencontrée le lendemain en privé dans son bureau ; Léon Zann de l’Université du Pacifique Sud ; Diane Mcfadzien, coordinatrice des changements climatiques de la région pacifique au WWF ; Christophe Grandcolas, un Français du FMI, expert de la constitution de systèmes fiscaux adaptés aux petites îles.
Avant notre départ pour Funafuti, l’île capitale de Tuvalu, nous avons également été reçus par Chalapan Kaluwin, responsable du programme AusAid pour l’étude du climat et de l’élévation du niveau de l’océan pour la zone pacifique au Forum du Secrétariat pour le Pacifique. Il nous a dit avoir constaté une augmentation du niveau de l’océan de 6 mm en 2004 sur Tuvalu contre 4 mm les années précédentes. Un grand nombre de données, financées par le gouvernement australien qui par ailleurs nie tout problème vital pour les îles de Tuvalu ont ainsi été obtenues.
Pendant les 6 semaines qui suivront, à Tuvalu, nous rencontrerons une dizaine d’autres représentants d’institutions du Pacifique. Les liens et les amitiés ainsi noués nous permettent d’espérer l’organisation d’un réseau fédéré de ces institutions et des donneurs internationaux oeuvrant à Tuvalu pour une optimisation des fonds versés au profit des Tuvaluens, (la France, l’UE, le Canada, l’Australie, la Nouvelle Zélande, le Japon, ADB, Taiwan, UNDP etc.).
2- Etude
L’étude d’adaptabilité des énergies renouvelables à Tuvalu a consisté dans un premier temps à collecter et éplucher les données, études et rapports disponibles, au sein des différents ministères et des institutions de
la région. La
rencontre, dès la première semaine, des Ministres, Secrétaires permanents et techniciens en charge (voir liste en annexe 2) a permis de solliciter leur collaboration tout en les informant en temps quasi réel du déroulement des opérations. Pour assurer la symbiose entre les investigations des deux chercheurs et les besoins de la population, des échanges, discussions et sondages ont été organisés sous la forme de réunions communautaires ou de rendez-vous plus informels. Pour assurer du sérieux de la démarche et du niveau des contacts établis depuis 3 ans dans le Pacifique, tous les entretiens ont été filmés.
Pierre Radanne s’est concentré sur les potentialités éoliennes et solaires, tandis que Sarah Hemstock focalisait son expertise sur celles de la biomasse, (biogas et biofuel).
Pierre Radanne a travaillé en étroite collaboration avec Hilia Vavae, la responsable de la station météo, une membre de droit de Alofa Tuvalu. Il a également obtenu de la plupart des ministères et services la plus grande collaboration et des données utiles à son expertise. (voir liste des responsables consultés, du Ministre de l’Energie au Directeur de l’Hopital en passant par tous les professionnels concernés).
Parmi les soutiens, le Secrétaire Général et numéro 2 du gouvernement, Panapasi Nelesone, a pris sur son temps de vacances pour une discussion informelle de 3 heures sur la terrasse de l’hôtel : Pierre Radanne lui a exposé l’avancée de ses observations et des possibilités d’équipement de l’archipel (les opportunités de systèmes mixtes éolien, biogas et solaires en réseau et sans batteries pour les habitations). Panapasi a fourni une liste conséquente (noms, fonctions et téléphone, même celui de sa femme !) des interlocuteurs les mieux placés pour répondre aux interrogations de nos chercheurs. Il a en outre promis de parler aux avocats de Tuvalu pour que soit officialisé notre travail.
De la station météo, Pierre Radanne, a obtenu les relevés de potentiel éolien depuis 1949 (à raison de trois relevés par jour, 365 jours par an, cela faisait plus de 320 000 lignes de chiffres à convertir en graphiques !)
Et s’il nous a fallu deux semaines pour localiser la 1ère communication nationale pour le protocole de Kyoto, la rencontre inattendue le jour du départ de Ian Fry, un ancien de Greenpeace, installé en Australie et payé par le gouvernement comme consultant environnemental, là pour avancer sur la “2e communication nationale pour Kyoto” devrait nous permettre d’obtenir la seconde mouture plus rapidement !
Une révision des données sur le vent,(dont nous nous sommes aperçus que d’une part, les données n’étaient pas homogènes et pouvaient avoir été relevées sur une île ou sur une autre, ou encore qu’elle n’étaient pas en mètres secondes mais en nœuds) les a conduit à considérer la nécessité de relancer une campagne de mesures sur une année, orientée sur l’hypothèse éolienne : choix des sites de mesure, mesures sur toutes les îles…
Du côté du solaire : Il ne fait aucun doute que le soleil est exploitable à Tuvalu. Les installations sont chères, mais la technologie promet d’évoluer dans la prochaine décennie. L’installation d’un système en réseau nécessite moins de panneaux par habitation, contourne le problème et le coût du remplacement de batteries, puisque ces systèmes fonctionnent sans, et abaisse considérablement le prix du kw/h.
Un rapport très préliminaire de l’étude a été remis au Ministre de l’Energie, de la Communication et des Transports, Saufatu, avant d’être présenté officiellement devant les membres du gouvernement. A la fin des trois heures d’allocution, le Premier Ministre s’est dit très intéressé par l’étude nous assurant de son plus entier soutien et réclamant la meilleure collaboration de ses services. Un mois plus tard, le matin même du départ de Gilliane Le Gallic, le Ministre lui remettait la lettre confirmant la volonté de son gouvernement de voir Alofa Tuvalu poursuivre l’étude.
Sarah Hemstock a poursuivi ses investigations sur la biomasse, démarrées il y a deux ans pour le compte de la Sopac. Pour entendre les besoins de la population et exposer les avantages d’optimiser les ressources naturelles locales comme le biogaz ou le biodiesel dans la production d’énergie, Alofa Tuvalu a, entre autres moyens, organisé de nombreuses réunions communautaires.
La première a eu lieu entre les femmes les plus influentes de l’ile principale autour d’un déjeuner, la seconde a lieu à dans deux Iles « lointaines », Nukufetau et Vaitupu, la plus grande île de l’archipel, où Sarah se rend pour évaluer la production de biodiesel et de biogaz et les consommations d’énergie par usage. Pour ses statistiques, elle compte cochons, cocotiers, noix de coco, elle mesure et pèse arbres et fruits, elle étudie la qualité du sol et organise 4 ou 5 réunions, dont une qui réunit 200 femmes ! Elle leur explique l’intérêt d’exploiter le potentiel des matières organiques pour la production d’électricité, de biofuel et pour la cuisine, ainsi que du compost pour fertiliser le sol et améliorer le rendement et la qualité des cultures. L’objectif étant aussi d’obtenir l’adhésion des Tuvaluens à la biomasse, tant au niveau de l’utilisation que de la production. A Vaitupu, les producteurs de copra se sont dits prêts à s’aligner sur les prix de production mondiaux.
De retour de Vaitupu, et après sa sortie de l’hopital où elle a subi un traitement aux antibiotiques après une inflammation sérieuse démarrée à Vaitupu, Sarah poursuit cette démarche et avec Gilliane Le Gallic et toutes les deux jouent les missionnaires de la biomasse auprès des 8 communautés de femmes de l’Ile capitale représentant les 8 îles lointaines (voir Réunions communautaires).
De Vaitupu, Sarah avait rapporté de nombreuses données, comme les rapports agricoles depuis 1984 (voir liste des documents consultés, lesquels pour la plupart étaient tamponnées « ne pas sortir des archives). Après 3 semaines d’analyse et de rédaction, Sarah Hemstock remet avant son départ, ses premiers résultats à la direction de l’énergie et des transports. Pusinelli, Secrétaire Général à l’Energie soutient le projet, particulièrement sur la biomasse, qu’il souhaite à terme intégrer à la police de l’énergie de Tuvalu.
Parmi les rares surprises désagréables : Le projet japonais d’installer trois nouveaux générateurs à fuel sur Funafuti, qui relègueront les deux anciens au statut de générateurs de secours, est malheureusement en bonne voie. Le contrat (contrat préliminaire au lancement de l’appel d’offre ouvert à des entreprises exclusivement nipponnes) a été signé le 20 juillet 2005. Pendant les négociations, le gouvernement Tuvaluen aurait réclamé la possibilité de switcher du fuel à une énergie renouvelable, courriers à l’appui. Les Japonais n’en n’ont pas fait grand cas. De 1000 kw, Funafuti passera à 1800 kw de puissance cumulée, 100% non renouvelables avec un rendement de 40%. Nos deux chercheurs ont néanmoins confirmé qu’après quelques réglages il sera possible d’alimenter la turbine avec du biofuel (lorsque celui-ci sera disponible sur le marché…) et qu’il serait également possible, par exemple, d’utiliser les 60% restant pour désaliniser l’eau !
Parmi les nombreuses bonnes surprises :Luke Paeniu, Président de la chambre de commerce a spontanément offert son soutien à Small is Beautifull. Il a découvert la BD « A l’eau, la Terre » avec intérêt et estime que « Nuages au Paradis » est le meilleur documentaire sur Tuvalu m^ême s’il regrette que le secteur économique privé, qui a un grand rôle à jour, ne soit pas plus représenté . Au prochain voyage, nous avancerons avec lui sur une politique commerciale qui tient compte de développement durable et sensibilise la population aux déchets et à la consommation énergétique... discussion déjà bien avancée avec Monise, patron de TCS la coopérative responsable de la plus grande partie des importations.
Rencontre positive également avec le ministre des affaires sociales que nous n’avions jamais eu besoin de rencontrer... au sujet des déchets et des énergies Quant au Ministre des ressources naturelles que nous n’avions pu rencontrer, alerté par sa femme qui avait assisté à une des reunions communautaires, il nous a adressé quelques semaines après notre depart, un mail de soutien.
Le défaut de communication : le Kaupule, la mairie de Funafuti... a par exemple des responsabilités souvent jumelles de celles du gouvernement, particulièrement en ce qui concerne les déchets. Un doublonnage qui a, ces dernières années, de beaucoup ralenti leur gestion sur l’île... En revanche, Kaupule et gouvernement peuvent s’entendre sur l’installation (s’ils trouvent les fonds) d’une autre porcherie plus grande ailleurs… Discutant avec la responsable du Kaupule, il nous a semblé que, lourdeurs administratives entre les deux structures mises à part, les choses s’arrangeaient.
3 - Amatuku, micromodèle environnemental et centre de formation
Faire de Tuvalu un exemple environnemental nécessite l’organisation d’une formation des personnes sur place : à l’utilisation des technologies renouvelables, en particulier la biomasse (biodiesel et biogaz), au remplacement des pièces défectueuses… L’idée de développer rapidement un micro show room sur une île plus petite que l’ensemble Tuvalu a donc germé dans l’esprit de Gilliane Le Gallic. Et pour ne pas faire mentir l’adage selon lequel les grands esprits se rencontrent, alors qu’elle en parlait avec Sarah au petit déjeuner,Jonathan, le capitaine responsable de l’école maritime, TMTI, située sur un des îlots du lagon, Amatuku, s’est installé à leur table pour demander si son île pouvait fabriquer du bio diesel... Gilliane lui a fait part de son idée et, le lendemain, un brouillon de contrat lui parvenait. Après quelques corrections, Le document signé scellant les accords sur l’élaboration d’un micro modèle/centre de formation lui a été transmis à Fidji alors qu’elle était en transit.
Amatuku présente l’avantage d’être à une dizaine de kms de l’île capitale et possède des bateaux qui peuvent fonctionner au biodiesel, elle est déjà immaculée (gestion type armée) Les installations électriques et les bâtiment seront rénovés en 2006 et 2007. Amatuku, facile d’accès, peut devenir un lieu facile d’apprentissage pour les équipes de maintenance et pour la population.
Début des « travaux » Mars 2006.
4 - Au-delà de l’étude :
4-1 - La distribution de graines biologiques
Seluka Seluka, responsable de l’agriculture biologique au Ministère de l’Agriculture de Tuvalu, avait exprimé le vœu, en 2004, de trouver des graines de semences qui n’existaient pas ou peu sur l’archipel, mais qui, poussant en surface seraient susceptibles de s’y plaire. Le taro, le tubercule traditionnel, est devenu impossible à cultiver compte tenu de la salinisation des sols.
Grâce à la complicité de Philippe Desbrosses de la Ferme de Ste Marthe et de l’association Kokopelli nous avons pu emporter dans nos bagages plusieurs kilos d’une centaine de variétés de semences biologiques. La moitié à été remise à Seluka. Dans les semaines qui ont suivi, il prenait le bateau pour Vaitupu et Nukufetau, pour procéder à des essais de plantation.
Le volume de graines obtenu de nos généreux donateurs a aussi permis la constitution de plusieurs milliers de petits paquets distribués, après une campagne radio, aux Tuvaluens qui en exprimaient le désir lors de réunions communautaires ou au hasard de nos rencontres. Des petits paquets ont été également offerts à tous ceux à qui il nous semblait utile d’expliquer l’importance de ces graines comme le département de l’agriculture.
Il est à noter qu’en 2005, les Taiwanais ont mis en place une « ferme » où sont cultivés de nombreuses espèces (mais moins que les semences organiques que nous avons distribuées) et où les rares jardiniers de Funafuti pouvaient se fournir en compost (et engrais), la ferme fonctionnant comme 2e distributeur de compost de l’ile après celui proposé par la direction de la gestion des déchets depuis 3 ans.
4-2 Les réunions de communautés de femmes (graines, compost, biogas)
La préparation des réunions communautaires avec les femmes représentantes des 8 îles est facilitée par les relations et les amitiés liées depuis trois ans mais aussi par l’outil pédagogique que représentent les graines.. Réunissant de 20 à 200 femmes, elles se sont révélées un excellent moyen pour évaluer les besoins des familles tuvaluennes et les initier à l’économie et à l’environnement. Les femmes ont rapidement perçu que planter des graines biologiques sur une terre nourrie au compost et utiliser du biogaz pour la cuisine ou la production d’électricité... pouvait jouer un rôle vital sur les importations de leur pays. Elles ont vite réalisé les bienfaits d’un jardin potager sur la santé de leur îles et de leur famille... Les produits alimentaires aujourd’hui importés (2e poste des imports), coûtent chers... 70% des déchets qui envahissent l’île sont organiques... Utiliser le compost réduit le volume d’autant... Quant à l’énergie qui représente la première dépense en import, elle coûte de plus en plus cher alors que le méthane dégagé par les déchets organiques pourrait être récupéré ET à la sortie donner le meilleur compost possible...
Ces réunions nous permettent d’entendre les femmes sur leur mode de cuisson et de leur expliquer le fonctionnement des digesteurs qui permettent de créer à la fois du biogas (pour remplacer le kérosène ou le gaz liquide) et un meilleur compost.....
La première réunion organisée sur l’île capitale de Funafuti a été facilitée par Siluia, une institutrice active également Présidente de Island Care, une association qui réunit une quarantaine de femmes devenues jardinières avec l’aide de Canada Aid.. Gilliane Le Gallic avait organisé une interview de Siula à la radio tuvaluenne et l’attendance s’est avérée supérieure aux réunions habituelles : une grosse vingtaine de femmes plus quelques fillettes..
Les femmes rencontrées ensuite dans le cadre de ces réunions n’avaient pour la plupart jamais jardiné de leur vie. Les deux réunions suivantes réunissent les représentantes des femmes des îles de Nanumea, convoquées grâce à l’entremise d’Hilia Vavae, la responsable de la station météo, qui a également pris le temps de nous présenter les représentantes d’autres îles, et Nukulaelae.
Pour Funafuti, c’est Vaieli, la femme de l’un des pasteurs, qui nous sert d’entremetteuse. Elle a un petit jardin où pousse le seul basilic de l’archipel et est aussi responsable de la communauté des femmes de l’île capitale.
Les responsables de Nanumanga, que nous avions eu peine à contacter, se sont présentées directement à l’hôtel conduites par Siluia. La présidente ne parlant que le tuvaluen, la vice Présidente servait de traductrice. A la fin de la réunion, elles ont voté à mains levées l’adoption du biogas et expliqué combien elles seraient fières de nous montrer leurs jardins lors de notre prochain voyage.
Ont suivi ensuite Nuitao, Vaitupu et Nui, organisée par l’intérmédiaire de Tia, la femme de l’un des musiciens du Fagogo Malipolipo !
Au sortir de chacune des réunions, les femmes applaudissaient, plébiscitant le biogas et promettant de faire bon usage des graines fournies. Nous avons décidé de faire valider toute idée et action par ce biais des réunions communautaires parallèlement aux dialogues avec les politiques.
4-3 - Rencontres à Tuvalu de membres d’institutions d’aide : Les déchets
Après trois années d’échanges nourris avec Tuvalu, nous avons pu observer que près de 90% des visiteurs font partie d’une institution d’aide dont les programmes sont rarement coordonnés ou bien l’assistance proposée ne répond pas aux attentes ou même aux demandes des Tuvaluens. Le problème est que ces représentants passent rarement plus de 3 ou 4 jours sur place, consultent rarement au-delà du gouvernement et n’ont pas connaissance des projets à thème commun déjà réalisés ou en cours. Rencontrer des étrangers à Tuvalu, permet d’ entendre les divers points de vue et de faire connaître ce que nous savons dans divers domaines.
Pour exemple : Deux représentants de l’Union Européenne, Julie Sutherland, l’Australienne rencontrée à Fidji, et Jonathan un Sud Africain chargé d’un contrôle des subventions accordées ces dernières années. Tuvalu avait sollicité l’Union Européenne, (un programme de 7 ans), pour le remplissage des borrow pits. La même demande aux Affaires étrangères françaises l’an dernier... et quand l’Ambassadeur pour le Pacifique, Bruno Gain, s’est dit prêt à aider, nous avons suggéré la signature d’un accord préalable avec la centaine de propriétaires concernés pour éviter de participer à un développement chaotique et dangereux pour l’environnement de l’île capitale déja surpeuplée. Les Borrow Pits n’ont pas bénéficié encore desdits fonds pour remplissage mais il s’est avéré indispensable d’organiser une coordination plutot que d’être informés par hasard d’un projet parallèle.
Un exemple de mauvais choix d’aide : une organisation germano-australienne a, en quelques jours de juillet, supprimé tous les sacs plastiques de l’île, pour communication internationale en oubliant d’en prévenir la population. Les Tuvaluens recyclent le plastique jusqu’à plus soif pour conserver les chips d’arbre à pain, tenir le poisson à l’abri des mouches… L’organisation « aidante » avait certes distribué des cabas en cotons… en quantité insuffisante et tellement grands que les enfants les traînent par terre. La représentante de cette ONG, qui n’a jamais répondu à notre courrier, n’a, aux dires de Monise, président de la coopérative, pas tenu sa promesse de racheter à la coopérative les 10 000 sacs plastiques qui venaient d’être commandés… et qui, de ce fait ont été à nouveau distribués dès Septembre.
Nous avons en conséquence pris l’habitude de rencontrer les acteurs afin de fédérer les compétences et les actions, de mettre les uns et les autres en contact.
3e exemple :
Le problème des déchets demeure préoccupant à Tuvalu. Sur le chemin du retour, Sarah Hemstock, que la problématique intéresse pour la production de biogas, s’est rendue à Auckland. Hébergée par Jocelyn Carlin, photographe et soutien fervent d’Alofa Tuvalu, elle y a rencontré Tony Kortegast.,responsable de l’étude sur les déchets financée par ADB, avec qui nous correspondons depuis notre rencontre l’an dernier, et qui avait envoyé un SOS pour un financement d’un Bulldozer. Une demande de fonds avait été déposée avant notre départ auprès du Fonds Pacifique en accord avec Bruno Gain, le secrétaire Général.. Le financement posait problème principalement du fait que l’Agence Japonaise de développement n’a pas pour politique d’intervenir sur un materiel deuxième mains. Après la decision du Fonds Pacifique de ne pas participer en 2005 et le fait qu’ADB, ait terminé l’étude sans aller au delà pour le moment au niveau des recommendations, la fourniture de materiel d’exploitation des déchets, semble au point mort tandis que le volume de déchets ne fait qu’augmenter..
Sur le front des déchets, outre les opérations de compost et de biogaz avancées par Alofa Tuvalu, après la mise en place suggérée par Gilliane Le Gallic l’an dernier de filets pour collecter les canettes, seuls déchets compactés et expédiés par bateau en Nouvelle-Zélande, un compacteur est devenu nécessaire. Une demande de fonds sera rédigée par Alofa Tuvalu pour l’attribution d’un ou deux compacteurs aluminium et plastique. Par ailleurs, Monise, le patron de la coopérative Fusi, premier importateur de Tuvalu, a promis au cours d’un déjeuner d’importer des ampoules basses consommation à visse dont nous savions qu’elles manquaient. Il a aussi commandé des sachets papiers et des fiilets et nous prépare la liste des exportateurs pour que nous tentions des négociations pour la reprise des emballages et autres produits et équipement.
Parmi les « rencontrés » cette année :
Le Haut commissaire australien, flanquée (car c’est une femme) de deux militaires et marins ainsi que d’une jeune femme, Stephany, d’Aus Aid qui a décidé de reprendre quelques activités sur l’archipel après que l’Australie ait abandonné il y a deux ans son programme de gestion des déchets. Gilliane Le Gallic l’a rencontrée à l’occasion d’un petit déjeuner. Elle n’avait pas eu connaissance de l’étude menée depuis près de deux ans sur les déchets par Tony Kortegast pour ADB. Nous lui avons communiqué les coordonnées de Tony. . Et ne semblait pas être au courant de la porcherie mise en place par AusAid il y a 3 ans qui fonctionne au 5e de ses capacités et dont le but (fabriquer du méthane) n’a jamais été réalisé. Erreur de conception, d’inclination, de situation géographique....
Bien que comprenant les impératifs de la communication locale, elle disait ne pas pouvoir faire grand chose d’autre qu’entendre les demandes de son gouvernement à mille lieux d’un bulldozer indispensable pour tasser les déchets de la décharge. La situation lui semblant tellement préoccupante, elle a tout de même évoqué la possibilité de trouver un autre axe de « dons » pour ledit bulldozer... Nous l’avons informée avoir posé des jalons auprès de l’Union européenne et du Fonds pacifique.
Laima, le femme de Panapasi Nelesone, le Secrétaire Général du Gouvernement, et elle même secrétaire permanente des Travaux, nous a conseillé de solliciter la participation d’une équipe de Japonais au financement du bulldozer. Le responsable de la structure niponne a à peu près le même parcours que nous. Venu en 1999, il n’a de cesse d’aider Tuvalu, en éditant un bouquin, en faisant des conférences, en accroissant la conscience de ses concitoyens. Cette année, il a monté une association (quelques mois après la nôtre) où il axe sur l’éco tourisme mais acte dans tous les sens puisqu’il vient de permettre la livraison d’un nouveau camion citerne pour l’eau (qui faisait, comme le bulldozer vraiment défaut). Nous lui avons soumis la participation au financement du bulldozer.
Léonie Smiley de Canada Aid est venue, elle, « superviser » la mise en place de petits jardins impulsés par Siluia. Dans sa foulée, nous avons mis en place la distribution de graines biologiques en espérant multiplier le nombre de ces petits jardins.
4-4 Arts et Lettres…
Après l’inscription par nos soins de trois musiciens, du groupe Fagogo Malipolipo, à la Sacem, nous leur avons conseillé d’ouvrir un compte en banque commun pour leur permettre de percevoir les droits d’auteurs relatifs aux quelques diffusions en France. 10 autres titres ont été enregistrés à la demande du groupe et un montage vidéo leur a été remis à l’occasion de la farewell party pour l’un de ses membres qui retournait dans son ile lointaine natale. 3 de ces dix titres étant une création originale, ils seront déposés auprès de la Sacem au nom du Fagogo Malipolipo Club.
Dans le cadre du développement de l’artisanat local, Alofa Tuvalu acquiert à chaque voyage une vingtaine de colliers et une dizaine d’éventails. D’abord les modèles pour lesquels nous avions plusieurs exemplaire ont été offerts aux amis.. Après le 2eme voyage, Alofa Tuvalu étant invitée dans de nombreux festivals et salon, l’artisanat local à été présenté en décoration. Il semble évident que ce produit pourrait être distribué par les réseaux de commerce équitable… ce que nous nous promettons de faire. Cette année, nous avons donc demandé aux femmes quelques modèles « sur mesure « de manière à pouvoir les vendre plus facilement.
45 La BD "A l’eau, la Terre"
Après l’enthousiasme témoigné par la directrice et les enseignants de l’école primaire pour la mise en place d’un échange entre enfants tuvaluens et français, et pour la traduction de la bande dessinée en Tuvaluen, à partir de la version anglaise que nous avions envisagé avec la SOPAC, la directrice a exprimé le souhait de participer à une opération de type « Chapiteau-A l’eau la Terre ». Elle a également envisagé de re-démarrer avec les graines organiques fournies par l’association un jardin dans l’école. Nous organiserons à notre prochain voyage des réunions de parents d’élèves pour discuter biomassse et déchets. La boucle est bouclée…
*une action d’éducation aux changements climatiques engagée auprès des écoles françaises, qui vise à générer un réseau d’écocitoyens en herbe.
COMPTE RENDU
DU VOYAGE DE SENSIBILISATION A TUVALU,
Effectué en novembre et décembre 2004 dans le cadre du Plan « Small is Beautiful »
1- HISTORIQUE ET OBJECTIF DE SMALL IS BEAUTIFUL
2- REACTIONS AU VOYAGE DE SENSIBILISATION ET D’INFORMATIONS
2-1 Mini évènements réalisés sur place
2-2 Réception du projet par les Tuvaluens : Mission accomplie
2-3 Quelques-uns des soutiens sur place
2-4 Campagne de sensibilisation sur les gestes quotidiens à Tuvalu
2-5 Les données recueillies
3- QUELQUES OBSERVATIONS complémentaires CONCERNANT LES DOMAINES D’INTERVENTION « ENVIRONNEMENTAUX »
3-1 Concernant les Energies, Objets et objectifs du Voyage 2005
3-2 Concernant les autres domaines d’intervention :
Déchets, eau potable, érosion, air/émissions, nettoyage et comblement des BORROW PITS
4- QUELQUES OBSERVATIONS CONCERNANT LES DOMAINES SOCIO CULTURELS ET ARTISTIQUES
4-1 Actions réalisées et en cours
4-2 Observations concernant le développement de l’île principale
5- BESOINS IMMEDIATS
5-1 Les besoins Exprimés : des graines de tomates au développement du solaire.
5-2 Les Besoins Analysés : outre le solaire
NB : Il est recommandé de visionner « Nuages au Paradis » et de lire « Small is Beautiful » avant de parcourir ce compte rendu complémentaire.
1- HISTORIQUE ET OBJECTIF DE SMALL IS BEAUTIFUL
Tuvalu est l’une des plus petites nations indépendantes du monde, la plus vulnérable aux changements climatiques et à l’élévation du niveau de la mer du fait de sa taille et de son isolement (26 kms2, d’une élévation moyenne de 3 mètres, disséminés en 8 îles sur 750 000 km2 d’eaux territoriales, à 2h1/2 d’avion de Fidji).*
Un premier film a été produit par ETC pour Planète Future, sur les effets des changements climatiques sur les petits états comme Tuvalu. « Trouble in Paradise/Nuages au Paradis »*. Réalisé par Gilliane Le Gallic et Christopher Horner, ce film, tourné en 2003 et diffusé en 2004 a été primé au Festival de Santa Cruz en Californie. Allant au-delà du film, la co-réalisatrice, (fondatrice de Earth Day/Le Jour de la Terre 1990) a entrepris l’élaboration d’un plan d’action concrète, « Small is Beautiful »*. La première étape de ce programme a consisté à sensibiliser et recueillir le soutien et la participation active de la population tuvaluenne, lors d’un second voyage qui a eu lieu du 30 Octobre au 23 Décembre 2004.
L’objectif premier : faire de la symbolique Tuvalu, déjà considérée par l’ONU comme nation la plus respectueuse des droits de l’homme, le premier état respectueux de l’environnement, un modèle reproductible.
L’objectif ultime : participer à un mouvement actif au niveau global dont les retombées permettront peut-être aux tuvaluens d’éviter l’exil, et représenteront autant d’outils pour la sauvegarde de notre environnement, autant d’espoirs d’une solution pour tous.
Repartant du projet originel, ce Compte Rendu l’enrichit des observations faites, des informations obtenues, soit dans les documents mentionnés en annexes et vérifiés, soit dans les interviews réalisées. Quelques illustrations et extraits d’interviews * seront incorporés dans le DVD annexé au Rapport.
2- REACTIONS AU VOYAGE DE SENSIBILISATION ET D’INFORMATIONS
Il est apparu rapidement aux Tuvaluens que la volonté de les aider était sincère.
Beaucoup furent surpris de voir revenir un « étranger » parmi les centaines qui s’engagent à le faire*. Un dvd du film avait été expédié à tous les intervenants. Lors du second voyage, d’autres copies furent remises à de nouveaux interlocuteurs. De l’avis de tous, y compris ceux qui « ne sont pas dans le film », comme James Conway, un Américain, conseiller du gouvernement sur place depuis une quinzaine d’années, Nuages au Paradis, « est le meilleur film sur Tuvalu sur la demi-douzaine réalisée à ce jour ». C’est ce qui l’a incité à donner sa première interview en 15 ans.*
2-1 Parmi les mini évènements créés au cours de ce voyage sans relation apparente directe avec Le Programme :
- Fourniture d’outils pédagogiques (dictionnaire, livres, BD, CD, dvd etc) et campagne de promotion auprès de la population à l’occasion de la création du Club Francophile en cours de mise en place par Marica Seluka, consul honoraire de France,
- Mise en Place, avec le soutien de l’Union de la Presse Internationale Francophone, du symbolique « club de la presse » avec le Club Francophile et Tuvalu Media Corporation (+ annonce radio), et premières discussions sur la réalisation du premier dictionnaire franco-tuvaluen,*
- Exposition et distribution de photos du 1er voyage aux habitants (+ annonce radio),
- Organisation de la visite de 3 jours de l’Ambassadeur de France à Fidji, Eugène Berg. Rendez-vous avec le premier 1er Ministre (1978/81), le secrétaire général de l’Eglise, le candidat de l’opposition, la radio locale avec interview, rencontre des enfants à l’école primaire et du groupe de musiciens admis à la Sacem en 2004,
- Mise en place d’un circuit de distribution de copies du film « Nuages au Paradis/Trouble in Paradise » à prix de vente plafonné,
- Distribution de T-shirts et ballons Jour de la Terre aux enfants avec à chaque fois un mot et/ou un geste utile pour la planète.
- Pour répondre aux détracteurs qui répandent des rumeurs sur un tourisme galopant et au guide Lonely Planet qui indique 1000 touristes par an, pendant 6 semaines, un sondage fut réalisé en interrogeant tous les non Tuvaluens à l’arrivée des deux avions par semaine (quand ils étaient au rendez vous). Une cinquantaine d’étrangers sur 6 semaines dont 6 touristes ou assimilés. On peut donc estimer qu’il y a à peu près, par an, 500 étrangers qui passent à Tuvalu dont une cinquantaine de touristes ! * Ceci ne veut pas dire que ceux qui y sont pour travailler ne participent pas à la dégradation des îles. C’est pourquoi a été montré et filmé l’exemple de repartir avec les bouteilles plastiques consommées. Même compactées et avec une consommation modérée, ça fait un volume !
En quelques jours, Gilliane Le Gallic, productrice du premier film, dont c’était le 2e voyage, et Laure Noualhat, journaliste à Libération, sont devenues les confidentes et les photographes vidéo officielles de tout ce qui se passait sur l’île, (ou presque, car elles ne pouvaient être partout).
2-2 Réception du projet par les Tuvaluens : Mission accomplie
Dans le cadre direct du Programme, la quasi-totalité des membres du gouvernement a été rencontrée, du Premier ministre au simple fonctionnaire, et ses représentants ont accepté de présenter « Small is Beautiful », enrichi des informations recueillies, au GEF (Fonds Mondial pour l’Environnement) *, ce que seule une nation peut faire.
Au cours de ce voyage de 2 mois, près de 200 personnes ont été interrogées et filmées à Tuvalu et, à Fidji, 5 des 10 principales institutions de la région, certaines membres du CROP (Council of Regional Organisations in the Pacific).* Nous n’avons pu rencontrer la CPS (Communauté du Pacifique) ni le SPREP (South Pacific Regional Environment Program) faute de moyens pour une escale à Nouméa ou à Apia, l’accès à Tuvalu étant exorbitant et aléatoire.
Plus d’un millier de Tuvaluens a été rencontré, avec discussions au cours de présentations, de fêtes et soirées (nombreuses avant Noël), voyage dans les îles ou ballades sur l’île principale. Plusieurs milliers ont été « croisés » et globalement, la quasi-totalité de la dizaine de milliers d’habitants des 8 îles a eu connaissance du voyage et de son objet, soit via des interviews à la radio, soit par la « rumeur publique » qui s’est propagée comme une onde.
Les 200 personnes interviewées * et le millier rencontré ont exprimé leur soutien au projet. Les représentants de l’église principale (95% de la population) comme des minorités spirituelles, les réseaux de femmes, d’enseignants, les enfants, les importateurs, les acteurs en place dans les domaines investigués, en adhérant au projet, se sont dits convaincus de la nécessité d’oeuvrer ensemble *.
Ces contacts permettent entre autres choses d’imaginer un organigramme d’acteurs potentiels, une structure des responsabilités sur place par domaine d’intervention pour la suite du programme Small is Beautiful.
2-3 Quelques-uns des soutiens sur place:
Susie Saitala Kofe, présidente du “Women and Human Rights”, apporte son soutien total,pressée d’agir
Maatia Toafa, 1er Ministre depuis Octobre 2004 (agreement handshake)
Safautu Sopoaga, Ministre des travaux, de la communication, et des transport, 1er ministre 2002-2004
Panapassi Nelesone, Secrétaire du gouvernement chargé de l’environnement,
Hilia Vavae : Scientifique, directrice de Tuvalu Meteorological Service
Seve Paneiu, secrétaire permanent ministère des finances
Reverend Kitiona Tausi, Secr. Gal de AKT, Eglise de Tuvalu regroupant 95% de la population, Pennilei Metia, secrétaire Générale du National Women Council, Secrétaire Générale de Tango (Tuvalu association of NGOs), membre du conseil d’administration TMTI, l’école maritime,
Talakatoa O’Brien, secrétaire general du conseil municipal / Kaupule, gouvernement local
Kalisi Sogivalu, auteur/compositeur aujourd’hui membre de la Sacem, soutien total, pressé g’agir
Eugène Berg, Ambassadeur de France à Fidji, interviewé a Radio Tuvalu (et filmé par Small is Beautiful)
Un seul officiel a demandé à voir les questions avant l’interview qui fut repoussée du vendredi au dimanche et le rendez-vous eut lieu à l’heure dite malgré l’importance attachée au rythme dominical à Tuvalu.
Seuls les chefs des circonscriptions électorales des 8 îles et leurs représentants au Parlement n’ont pas été rencontrés officiellement. Sans doute ont-ils eu un résumé du projet par l’un ou l’autre de nos interlocuteurs et leur rencontre sera un objectif du prochain voyage car ils sont sages et influents.
Au fil de nos rencontres, une campagne de sensibilisation sur les gestes quotidiens qui font la différence a été réalisée. De nombreux thèmes ont été « traités » (expliqués puis appliqués). Le plus immédiat concerne le tri et la collecte des canettes : les deux hôtels-restaurants ont immédiatement mis en place un filet pour que les clients y déposent directement leurs canettes. Informés, quelques-uns des clients réguliers ont rapidement pris le pli *
L’utilisation d’ampoules longue durée, en prenant pour exemple les économies réalisées par l’hôtel, a été très souvent promue et la plupart du temps non seulement comprise mais accompagnée d’une volonté exprimée de changer.
Sur ces bases, nous avons proposé au gouvernement une assistance bénévole, au niveau de la communication locale principalement, pour le nécessaire apprentissage de la collecte organique. Un premier document est en cours de rédaction et, au cours du prochain voyage, une campagne sera réalisée.
Suite à cette mini campagne, dans le domaine des déchets, il apparaît qu’une entreprise peu coûteuse et facile à mettre en place est la création, avec les réseaux de femmes, d’une micro entreprise de lavage des couches coton pour éviter l’accumulation des couches-culottes, infernales pour toutes les décharges du monde.* (DOSSIER DE FINANCEMENT ou MICRO CREDIT pour mise en place et achat 10 machines à laver (1 par île et 3 en pièces détachées) + produits de lavage biologique)
Si les données recueillies ne sont pas toujours d’une extrême précision soit du fait du manque d’informations, de statistiques sur le sujet, soit du fait du manque de connaissance de notre interlocuteur, nous avons pu en recouper et en vérifier un certain nombre. En lisant quelques-unes des études recueillies pour étayer nos connaissances *, nous avons observé de nombreux chiffres fantaisistes. Ces études sont payées fort cher (tout comme la multiplication d’ateliers d’une journée pour l’apprentissage d’un sujet) et pourtant les informations proviennent souvent d’études précédentes elles-mêmes erronées. Sur les îles lointaines, où rencontrer la totalité de la population demande quelques heures, ou sur l’île capitale où joindre quiconque est facile, les responsables des sujets traités par les études s’étonnent de n’être jamais contactés par les rédacteurs.
Obtenir des statistiques précises n’est donc pas toujours aisé à Tuvalu. Il nous a par exemple fallu compter nous-mêmes les voitures pour refermer l’éventail qui nous était proposé : de 50 à 1500 véhicules. En fait ce chiffre de 1500 représente toutes les immatriculations jamais enregistrées à Tuvalu, y compris les mobylettes et le nombre de voitures et camions est aujourd’hui de l’ordre de 200 sur l’île principale.
3- QUELQUES OBSERVATIONS complémentaires aux informations contenues dans le film « Nuages au Paradis » et dans le projet originel « Small is Beautiful » CONCERNANT LES DOMAINES D’INTERVENTION (interviews transcrites mais avant analyse des études reçues)
Small is beautiful concerne bien sûr tous les aspects environnementaux à Tuvalu, ainsi que le problème des borrow pits, mais également la culture et le développement économique de l’archipel (en encourageant par exemple l’artisanat local et en éditant des musiques tuvaluennes). Le dernier voyage a permis la sensibilisation et la documentation sur l’état des lieux, les actions passées ou les programmes en cours dans la région, et les besoins exprimés par la population. D’ores et déjà, il permet de souligner qu’un des aspects les plus importants concerne les énergies renouvelables, pour lesquelles Tuvalu a d’ailleurs déposé une demande officielle d’assistance au gouvernement Français en Août 2004. Cette requête a été renouvelée à de multiples reprises au cours du voyage de fin 2004.* C’est pourquoi une première demande de fonds a été faite auprès du Fonds Pacifique concernant cet aspect spécifique.
3-1 Observations concernant les Energies,
- Le besoin en énergie est criant depuis la mise en route en 2004, du nouvel immeuble du gouvernement, offert par Taiwan, et en 2003, de l’hôpital, offert par le Japon*. Et si une grande partie de la population se dit favorable à l’adoption d’énergies renouvelables (solaires, éoliens, biomasse, biodiesel, hydraulique et thermique), les Tuvaluens se disent aussi souvent « at the mercy of donors ». C’est ainsi qu’une équipe de Japonais est restée sur place une dizaine de jours pendant notre voyage pour étudier l’installation d’un 3e générateur au fioul pour 2006, répondant ainsi à leur manière à la demande créée par ces deux nouveaux édifices pour lesquels aucun panneau solaire n’a été prévu !
- Pionnier il y a une vingtaine d’années dans le domaine du solaire, avec l’installation de systèmes en particulier sur les îles éloignées, Tuvalu est aujourd’hui à la traîne. Ces installations n’ont jamais bénéficié d’un suivi de la part des donateurs. Sans pièces de rechange, sans formation sérieuse des utilisateurs, sans maintenance, la plupart des systèmes sont aujourd’hui inutilisés, voire inutilisables *. Quelques panneaux fonctionnent toujours et alimentent quelques maisons sur les îles lointaines et les appareils de mesure des télécoms. *
- Un nouveau panneau a été récemment installé par la Nouvelle-Zélande pour alimenter un instrument du Bureau Météorologique. *
- Conscients de la logique et de l’utilité du solaire, les Tuvaluens le sont donc aussi du besoin urgent d’assistance technique. * D’après ce que nous avons pu observer, quel que soit le domaine des équipes d’assistance, l’intervention donne lieu à de brèves formations au cours d’ateliers de quelques heures ou quelques jours.
Pour ce type d’installations techniques, une formation sérieuse, avec le matériel sous la main, sera recommandée dans l’étude finale. *
Pour l’anecdote, des panneaux solaires offerts par la France à Fidji il y a une dizaine d’années, sont restés inutilisés : du fait de l’absence de formation des utilisateurs et de la remise de modes d’emploi en français.
- Un micro-modèle « environnemental » est actuellement mis en place par BP qui fournit Tuvalu en Fioul pour leurs générateurs et en essence pour leurs véhicules. La maisonnette pour la réception des clients sera fuel-free et fonctionnera au solaire et à l’éolien. Certes les dimensions sont microscopiques mais c’est tout de même un modèle.*
- James Conway, conseiller du gouvernement depuis une quinzaine d’années, préconise, lui, l’installation d’une éolienne offshore qui pourrait être financée par General Electric (ou pourquoi pas EDF) *. D’autres évoquent la géothermie.
- Plusieurs études extensives (et complémentaires) sont en cours sur la possibilité de produire de la bioénergie et du biodiesel de cocotier, sous la direction de Sarah Hemstock, scientifique consultante pour la SOPAC (South Pacific Applied Geoscience Commission) et premier soutien de Small is Beautiful. La volonté est d’aller au-delà de cette étude en analysant les possibilités effectives de mise en place d’une production, avec Sarah Hemstock et la SOPAC.
- En ce qui concerne l’utilisation de carburant pour les véhicules, la nouvelle est plutôt mauvaise puisque le nombre de voitures a doublé en un an, une sensibilisation pour la limitation du nombre d’importations et le modèle des véhicules est en cours, tant auprès du gouvernement que des citoyens et des importateurs.* Et bien sûr, nous suggérerons l’utilisation de véhicules moins polluants, comme les voitures hybrides ou à moteurs électriques, avec bornes solaires.
Une solution envisageable serait de mettre en place des opérations « de communication » avec quelques-uns des constructeurs automobiles développant ce type de véhicule. Ainsi on peut imaginer que les industriels seraient favorables au remplacement de 20 véhicules, dans le cadre d’un mécénat humanitaire par exemple, d’autant plus que cette opération pourrait faire l’objet d’une couverture médiatique importante.
L’analyse des informations recueillies permet de recenser les projets (y compris ceux qui concernent l’énergie hydraulique et géothermique), de se rapprocher des institutions oeuvrant dans ces domaines, de s’appuyer sur les programmes ayant déjà fait leurs preuves dans la région, tout en assurant leur promotion.
Objectifs du voyage prévu pour le 2e semestre 2005
En ce qui concerne les Energies Renouvelables, l’objet du prochain voyage est double :
- une étude comprenant un état des lieux et des propositions concrètes en matières d’installation d’énergies renouvelables à Tuvalu. Cette étude sera réalisée par M. Pierre Radanne, spécialiste incontesté dans ces domaines, ancien président de l’ADEME (Agence pour l’Environnement et la Maîtrise de l’Energie), ayant participé à de nombreuses mises en place de matériel (particulièrement solaire) en Afrique et en Polynésie Française.* Le Dr Sarah Hemstock, auteur, entre autres, d’une première étude sur la bioénergie et le biodiesel à Tuvalu, a également accepté d’être du voyage et offert sa collaboration.
L’étude proposée devra inclure un état des lieux du matériel installé à l’époque et l’évaluation de son recyclage ou de son éventuel remplacement.
- L’autre objectif du voyage porte sur la communication, tant au plan international que local. Ce domaine sera confié à Gilliane Le Gallic.
Au plan local, simultanément à l’étude, aura lieu une sensibilisation de la population via des « actionshops »* sur le geste individuel, dans le domaine de l’énergie mais également dans d’autres comme le tri des déchets. Un fascicule/leaflet spécifique sera réalisé à cette intention.
Les études et les réalisations qui suivront devant être utiles ailleurs, toutes les étapes du voyage seront visuellement documentées. Les images obtenues seront montées en programmes sur les énergies renouvelables exposant le cas de Tuvalu, les expériences passées, les programmes existants ou en projet ailleurs, les moyens proposés, leur coût et le fonctionnement,
Ces dvd ainsi que les flyers réalisés pour la population tuvaluenne seront distribués gratuitement dans d’autres communautés et petites nations, et dans la mesure du possible, plus largement dans les médias internationaux.
Par ailleurs, un dvd du précédent voyage de sensibilisation qui étayera le présent compte-rendu est en cours de réalisation.
La période de réalisation se situe entre Avril 2005 et Janvier 2006. Le voyage aura lieu entre Juillet et Novembre 2005 selon la disponibilité des participants.
3-2 OBSERVATIONS CONCERNANT LES AUTRES DOMAINES D’INTERVENTION DE SMALL IS BEAUTIFUL :
Les déchets :
- L’Australie a mis en place en 2001 un programme de management des déchets avec décharge officielle et centre de compost, dont la gestion a été abandonnée au seul gouvernement de Tuvalu il y a deux ans. Ce poste fait actuellement l’objet d’une nouvelle étude extensive financée par ADB (Banque Asiatique de Développement). Nous avons rencontré sur place les spécialistes Néo-zélandais engagés pour apporter des solutions à ce problème, commun à tous les petits états insulaires, mais aussi aux plus grands pays*.
Nous demeurons en contact et échangeons des informations, principalement au niveau du recyclage puisque leur étude portait, à priori, uniquement sur la décharge et le compost. (voir projet Tonkin). Concernant les déchets, un des problèmes majeurs est l’absence de bulldozer qui permettrait d’éviter un stockage essentiellement horizontal des déchets.
- Si le problème de décharge sauvage de la communauté locale du sud de l’île a été éradiqué, il s’est déplacé à l’extrémité nord de l’île où une nouvelle décharge sauvage s’est développée sur 200 mètres. Mi décembre, le feu y a été mis, réduisant de moitié son étendue. *
Ceci est une aberration si on considère que les déchets organiques représentent 70% du volume total des déchets. Par manque d’information et absence de matériel technique, la collecte organique n’est pas optimisée. *
- Concernant le compost, nous avons pu filmer une collecte des déchets organiques. Le manque de communication tant au niveau du public (une maison sur 10 sait ou fait le geste de déposer ses déchets organiques) que des ramasseurs (qui laissent sur place les mats et autres paniers faits de feuilles laissés par ceux qui déposent) limite encore l’efficacité du dispositif. *
En revanche, l’utilisation du compost est en forte augmentation, de nombreux tuvaluens ayant créé des petits jardins personnels où poussent quelques légumes. Ceci leur permet de remplacer la nourriture de base, le taro, aujourd’hui impossible à cultiver. Le taro doit en effet être planté très profond et le niveau de l’eau saline s’étant élevé, les tubercules pourrissent. (*+dvd 2003)
- le responsable de la collecte principale d’aluminium, Luke Danielu, était en voyage et nous n’avons donc pas d’infos complémentaires sur son business ou sur son importateur Néo-Zélandais. (dvd 2003)
Mais un nouvel intervenant, Apelamo, un électron libre, fait son ramassage personnel et dit avoir un accord avec un recycleur australien. *
- Un jeune Fidjien dit avoir un accord en Nouvelle-Zélande pour le recyclage des bouteilles plastiques mais n’a pu honorer le 2e container. Le bateau ayant eu du retard, il a dû tout jeter à la décharge faute d’espace de stockage. Nous avons plaidé en sa faveur pour que soit mis à sa disposition un espace de quelques m3.*
- A Fidji une collecte de plastique est en place. Ses promoteurs se plaignent de l’insuffisance de la collecte et ne parviennent pas à remplir leurs objectifs de recyclage. Un accord pourrait être trouvé avec eux pour traiter le plastique de Tuvalu.
- A Tuvalu comme ailleurs, il est nécessaire de responsabiliser les industries concernant les déchets laissés par leurs produits en fin de cycle de vie et notamment les emballages. Un long entretien avec le principal importateur de Tuvalu (TCS, une coopérative fournissant les 8 « supermarchés » des îles) permet de penser qu’un accord pourrait également être trouvé avec la vingtaine de fournisseurs (principalement fidjiens et néo-zélandais) dont la liste doit nous être communiquée.* Les containers qui livrent à Tuvalu, repartant à vide, une reprise des emballages, particulièrement plastiques, pourrait être négociée.
Small is Beautiful assistera les différents acteurs locaux, l’équipe de Nouvelle-Zélande et le gouvernement pour la communication, particulièrement au niveau local (sensibilisation aux gestes utiles, informations sur les programmes en cours) tant pour le compost que pour les autres collectes sélectives.
Eau potable :
Le problème de l’alimentation en eau est toujours criant (dvd 2003), et l’état du camion containeur chargé de ravitailler quand l’eau vient à manquer est éloquent *. La SOPAC a pour projet un programme d’assistance, particulièrement dans le domaine des toilettes compostables *
Les réservoirs pour recueillir l’eau de pluie se multiplient pour répondre à la demande, mais toutes les habitations n’ont pas les moyens de les payer.
Une installation privée de purification par UV (Compagnie australienne) est installée chez le représentant de Alpha Shipping Cy. Ce type de système pourrait être envisagé plus largement, des machines plus importantes pouvant être utilisées et financées par plusieurs familles *.
De l’avis de tous, L’EROSION est galopante. Une promenade d’un bout à l’autre de l’île principale permet d’en juger : de nombreux cocotiers se déterrent, beaucoup tombent dans le lagon* et on observe les mêmes phénomènes sur les autres îles et îlots. Grâce à un don de Global Green Grant, un programme de plantation de « groves » et autres bosquets pouvant retenir le sable, est en cours sur l’île de Niutao.* Au terme de ce programme, un point sera fait avec les responsables du projet, dans l’optique d’une assistance complémentaire éventuelle pour développer ce type de plantations sur les autres îles.
L’Air/les émissions
- On observe en un an une multiplication des véhicules, et notamment le doublement du nombre de voitures personnelles ou « de fonction » et 150% de taxis et de bus d’entreprises privées en plus. Nous avons été les témoins des premiers embouteillages de Funafuti, à l’arrivée du bateau en provenance de l’île où se trouve le lycée national, le jour où tous les étudiants rentraient chez eux pour les grandes vacances après 6 mois passés sur une autre île.*
- Des grillages ont été installés pour délimiter les jardins de la route et éviter des accidents aux enfants. Mais les gens ayant été habitués à vivre sur la route depuis toujours, ils déplorent un accident de voiture toutes les semaines.*
- En revanche, on assiste à une prise de conscience, sans doute plus économique qu’écologique, qui a suscité l’apparition des premières ampoules longue durée (l’hôtel du gouvernement a ainsi réduit de moitié sa consommation électrique). Certains modèles sont disponibles au Fusi (la coopérative de l’archipel). *
- Autre bonne nouvelle : pour la première fois, en 2004, des bicyclettes ont été importées et les 2 chargées de mission ont pu éviter d’utiliser un véhicule à moteur.*
Le problème de la limitation/réduction des véhicules importés est épineux. Personne au gouvernement ne s’est engagé sur ce sujet. Il faudra pourtant y venir.
Les borrow pits
Un autre volet de Small is Beautiful, faisant également partie de la demande d’Août 2004 de Tuvalu à la France, semble indispensable : le remplissage de certains Borrow pits, trous sur la moitié de la surface de l’île principale, creusés en 1942 par l’armée américaine. (dvd 2003) La situation observée amène plusieurs réflexions :
Il nous a été indiqué qu’une équipe de l’armée américaine avait fait un voyage d’étude en Octobre 2003 sur ce sujet particulier. Malgré la bonne volonté de nombreux services du gouvernement tuvaluen, il nous a été impossible d’obtenir le compte-rendu de cette visite.
Il nous a été conseillé de passer par l’Ambassade de France à Fidji pour faire la demande auprès de l’ambassade américaine à Suva. Par ailleurs, une étude concernant le comblement de ces borrow pits a été envisagée par la SOPAC, qui pourrait être un partenaire naturel.
Si la France et/ou l’Europe participait à ce comblement, il nous semble indispensable de pouvoir négocier préalablement sur l’utilisation future de ces terrains recréés. Il serait en effet dommage de participer au mieux-être des Tuvaluens en retardant l’élévation du niveau de la mer dans les fosses, tout en permettant des plus-values et un développement « urbain » qui ne pourrait qu’avoir des effets néfastes. Une négociation est envisagée pour faire de ces terres recréées, des espaces naturels ou culturels (souhait des services concernés), soit en les louant sur 25 ans en faisant en sorte que les Tuvaluens en conservent l’exploitation, soit en signant des accords sur l’utilisation ultérieure avec les propriétaires. Nous avons à cet effet obtenu des différentes institutions gérant les parcelles de l’île, la liste de tous les propriétaires des borrow pits. *
Certains propriétaires envisagent de combler leurs fosses avec les déchets. S’il est possible, en effet, d’utiliser certains matériaux comme le verre ou autre matériau non polluant en fond de fosses, il est impératif de nettoyer préalablement, avec la participation de la population, pour éviter que des produits toxiques ne pourrissent le peu de sous-sol de Tuvalu.
4- QUELQUES OBSERVATIONS (complémentaires) CONCERNANT LES DOMAINES SOCIO CULTURELS ET ARTISTIQUES
4-1 Actions réalisées sur place et à Paris, en plus des mesures visant au développement de la Francophonie (club et presse) et des incitations à agir individuellement au quotidien pour l’environnement:
- Enregistrement de 15 titres du groupe le plus populaire de Tuvalu et dépôt à la SACEM, en complément des titres déposés en 2004 pour que soit étudiée l’adhésion de 3 musiciens. Depuis notre retour à Paris, les dossiers signés par les musiciens et les chèques de règlement des adhésions financées par ETC, ont été remis à la Sacem. Les cartes d’adhérents nous sont parvenues en février 2005 et ont été transmises aux musiciens intéressés. Depuis aussi, un CD a été remis à quelques sociétés de production de disques pour tenter de faire de l’un des morceaux, un tube de l’été.
- Enregistrement de nombreuses chorales religieuses pour l’édition éventuelle d’un cd avec un producteur néo-zélandais.
- Enregistrement de différentes étapes de l’élaboration d’objets d’artisanat pour étudier quelques modèles, réalisables à Tuvalu et distribuables internationalement et équitablement. Cet aspect artistique autour des produits locaux est en cours de développement avec 2 designers français, Stephane Plassier et Dominique Lesserre.
4-2 Observations concernant le développement de l’ile principale
- Le nombre de familles venues des iles éloignées à la recherche de travail n’a pas évolué depuis l’an dernier, mais ils vivent toujours dans des conditions précaires comme cette famille vivant sous une maison ou celles vivant dans des cabanes sur les borrow pits*. Ces familles émigrent à la recherche de revenus supplémentaires pour répondre aux nouveaux besoins créés ces dernières années par les voyages et surtout les films présentant nos cultures et leurs paillettes, leur confort et leurs excès.
Pour éviter cette migration sur l’île principale, il serait souhaitable de créer une entreprise spécialisée par île. Par exemple, fabrication d’huile de coprah à Vaitupu, l’île la plus grande de l’archipel (5km2) et donc la plus riche en cocotiers, culture des seuls légumes verts de l’archipel, une sorte d’algue/fougère, à Niutao, atelier de fabrication d’objets artisanaux sur Nanumanga, écotourisme à Nukufetau où existe une piste d’atterrissage...
- En un an, outre l’aberration représentée par l’édification d’un 2e club de nuit sans insonorisation au milieu du village, aucune nouvelle construction n’a été observée ; mais beaucoup des maisons existantes ont été réhabilitées, agrandies, et ainsi la petite boulangerie artisanale pleine de charme a changé d’allure en s’agrandissant..... Certaines ruines en béton qui semblent dater de la dernière guerre mondiale sont toujours à l’abandon.
5- BESOINS IMMEDIATS
5-1 - Les besoins exprimés :
Par le gouvernement en Août 2004 :
- Assistance énergies solaires : demande renouvelée par tous nos interlocuteurs
- Comblement des Borrow pits (voir plus haut)
Par un responsable de programme d’agriculture :
- des graines de tomates, de concombres, de melons, de pastèques, tout légume pouvant pousser, en hauteur ou à la surface plutôt qu’enterré
- une machine-outil par île…
Par la direction des déchets :
- des gants
- des combinaisons
- des outils
- un bulldozer (demande faite également par le chef de mission de l’étude ADB)
Par le Président de l’Eglise : une bourse pour finir ses études théologiques en France. Nous lui avons indiqué que si Calvin était bien né en France, il avait choisi Genève comme terre d’asile, que Luther était Allemand et qu’en outre, en France, l’enseignement n’était pas en anglais.
D’une manière générale, des fonds pour toutes sortes d’utilisations : revoir et mettre en place les réglementations inter iles, l’éducation (le budget cantine scolaire a été réduit l’an dernier, provoquant un avancement de la date des vacances), un synthétiseur pour le groupe populaire, instaurer un centre culturel pour les plus jeunes, préserver le patrimoine culturel musical, etc etc.
La dernière demande émane de Enele Sopoaga. L’Ambassadeur de Tuvalu à l’ONU. attire notre attention sur l’amélioration des conditions sanitaires dans les îles, notamment en ce qui concerne le stockage de l’eau et la salubrité des cuisines.
5-2 - les Besoins Analysés, parmi les plus criants outre les Energies Renouvelables, objets de la prochaine étude :
Améliorer la communication locale pour toutes les actions en cours, dans le domaine des déchets particulièrement. Il s’agit de maintenir efficacement l’action en place de ramassage tant des déchets ménagers que des déchets organiques insuffisante aujourd’hui du fait du manque de communication. Ainsi la femme d’un pasteur, influente et cultivée, ignorait qu’une collecte organique existait. Idem pour John, l’expat responsable d’une des 2 compagnies maritimes. L’édition de documents explicatifs «10 gestes simples » spécifiques à Tuvalu est envisagé dans chacun des aspects environnementaux suivis.
Procéder à une réglementation restrictive concernant l’importation des véhicules. Mise en place un système d’échange des véhicules les plus polluants par des véhicules hybrides ou électriques. (voir plus haut)
“Il n’existe pas de plus grande douleur au monde que la perte de sa terre natale” Euripides, 431 av. J.-C.
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